"Cette personne a-t-elle l'air gentille ? Intelligente ? Têtue ? Pour la plupart des gens, la perception des émotions sur un visage est évidente. Il en va autrement pour les personnes atteintes d'un trouble du spectre de l'autisme (TSA)", expliquent les auteurs d'une étude franco-québécoise publiée dans le Journal of Autism and Developmental Disorders.

"L'évaluation du visage d'un individu est un processus rapide qui influence nos relations ultérieures avec lui. Nous basons notre jugement sur une simple observation", souligne Baudouin Forgeot d'Arc du département de psychiatrie de l'Université de Montréal.

"Pour les autistes, l'interprétation des traits du visage – regard, sourire, position des sourcils – est différente", dit-il.

Le chercheur et ses collègues (1) ont présenté 36 paires de photos et d'images de synthèse émotionnellement neutres à 33 autistes et 38 volontaires « normaux » (neurotypiques) et leur ont demandé d'indiquer ceux qui leur paraissaient les plus « gentils ».

Chez les neurotypiques, les réponses allaient dans le même sens alors que chez autistes, elles divergeaient.

En modifiant numériquement ces photos, les chercheurs ont analysé l'impact de différents indices perceptuels sur la différence de jugement entre les deux groupes.

La façon dont les autistes recueillent les informations - et non pas le processus de jugement lui-même - pourrait expliquer pourquoi ils ont des perceptions différentes des visages, concluent-ils.

Cette étude se poursuivra afin de préciser les mécanismes cérébraux impliqués.

(1) Franck Ramus, Aline Lefebvre, Delphine Brottier, Tiziana Zalla, Sanaa Moukawane, Frédérique Amsellem, Laurence Letellier, Hugo Peyre, Marie-Christine Mouren, Marion Leboyer, Richard Delorme.

Psychomédia avec sources : Université de Montréal, Institut universitaire en santé mentale de Montréal
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