Dans le cadre du mois de sensibilisation au cancer du sein, la Société canadienne du cancer (SCC) lance sa campagne Une pensée pour elles et met en vente des porte-clés «Mémo-mammo» pour rappeler aux femmes l'importance de passer des mammographies de dépistage. Pour la troisième année, l'humoriste Lise Dion est porte-parole de la campagne.

« Pourquoi certaines femmes restent réticentes à passer une mammographie? La première raison est la peur d’avoir un cancer. Elles se disent : « Si je n’y vais pas, je ne l’aurai pas! ». C’est oublier que plus la tumeur est petite et localisée, meilleures sont les chances de guérison », indique le communiqué de presse de l'association. « Il faut aussi noter que pour certaines femmes, la mammographie n’est pas très agréable et peut causer un certain inconfort (...) ».

Certaines femmes ont bien d'autres raisons d'estimer que le risque encouru ne justifie pas les inconvénients de subir le test. Et, certains spécialistes leur donneraient raison, la pertinence de la mammographie de dépistage comme mesure de santé publique faisant l'objet d'un débat. Un débat qui est malheureusement peu porté à l'attention des femmes.

  • Les programme de dépistage par mammographie du cancer du sein auraient très peu d'impact sur la mortalité, selon une étude européenne publiée en juillet 2011 dans le British Medical Journal. L'étude comparait la mortalité de 1989 à 2006 dans trois paires de pays ayant des services de santé et des prévalences de facteurs de risque similaires mais ayant lancé leurs programmes de dépistage avec 10 à 15 ans d'écart.

  • Les objectifs des campagnes de sensibilisation n'ont pas suivi les avancements de la recherche sur le cancer du sein, considère le Dr. H. Gilbert Welch du Dartmouth Institute for Health Policy and Clinical Practice à Lebanon (États-Unis) dont les propos étaient rapportés par le Los Angeles Times en octobre 2010. Parce qu'il n'est actuellement pas possible d'évaluer quelles tumeurs sont bénignes ou dangereuses, expliquait-il, toutes sont donc traitées comme si elles étaient dangereuses. Or, précisait-il, les tests de dépistage comme les mammographies et l'auto-examen sont plus aptes à trouver les cancers indolents (des tumeurs qui ne causeraient jamais de problème). Un article publié en septembre 2010 dans le New England Journal of Medicine estimait que pour chaque vie sauvée par une mammographie de dépistage, 5 à 15 autres femmes sont inutilement diagnostiquées et traitées. Les problèmes de sur-diagnostic et de sur-traitement sont rarement abordés dans les publicités et les documents promotionnels des campagnes, déplorait Welch. L'article discutait des conflits d'intérêts sous-tendant les campagnes de sensibilisation américaines et présentait des points de vue de spécialistes sur des cibles alternatives pour ces campagnes.

  • En juillet 2009, une étude danoise publiée dans le British Medical Journal, menée au Royaume-Uni, Canada, Australie, Suède et Norvège, estimait que pour chaque 2 femmes chez qui un cancer dangereux aurait été détecté, une femme se serait fait offrir des traitements inutiles pour un cancer qui ne l'aurait jamais dérangé.