Des analyses du sang et de la salive permettraient de distinguer l'épuisement professionnel (burnout) de la dépression, selon une étude canadienne publiée dans la revue Psychoneuroendocrinology.

Les niveaux de cortisol, une hormone du stress, sont souvent élevés chez les personnes qui souffrent de dépression, alors qu'ils tendent à être bas chez celles souffrant d'épuisement professionnel (ainsi que chez celles atteintes de fibromyalgie et du syndrome de fatigue chronique).

Pour ces dernières, le traitement par antidépresseurs, qui réduisent le niveau de cortisol, pourrait ainsi être une erreur, indiquent les auteurs de l'étude.

Un surplus de cortisol ou une insuffisance peuvent être nocifs pour la santé mentale et physique.

Pour l'épuisement professionnel, il n'y a pas de consensus sur les critères diagnostiques et il existe un chevauchement des symptômes avec la dépression (fatigue, humeur dépressive, perte d'intérêt, problèmes de sommeil, pertes de mémoire…). Une signature possible de l'épuisement professionnel pourrait être la diminution de la production de cortisol et des dérèglements des systèmes physiologiques qui interagissent avec cette hormone.

Les effets du stress chronique et des niveaux déséquilibrés de cortisol sur les systèmes biologiques reliés sont désignés par le terme charge allostatique. Ces effets sont reliés aux risques de diabète, de maladie vasculaire cardiaque et de problèmes immunitaires. Un indice de charge allostatique peut être établi par différents facteurs comme l'insuline, le sucre, le cholestérol, la protéine C réactive (indicateur d'inflammation), le fibrinogène (facteur de coagulation) et la tension artérielle.

L'allostasie désigne, comparativement à l'homéostasie, un niveau de variabilité (qui peut s'éloigner de la normale sans atteindre des seuils cliniques) dans le maintien de la stabilité de différents systèmes de l'organisme.

Sonia Lupien de l'Université de Montréal et Robert-Paul Juster du Centre de recherche Fernand-Seguin ont mené cette étude avec 30 personnes d'âge moyen qui ont rempli des questionnaires sur leurs niveaux de stress et leurs symptômes de dépression et d'épuisement professionnel. Une quinzaine de biomarqueurs ont été analysés à partir d'échantillons de sang et de salive.

Les personnes qui avaient rapporté des symptômes de stress chronique ou d'épuisement présentaient de faibles niveaux salivaires de cortisol et un indice élevé de charge allostatique. Alors que la dépression n'était pas liée à cette dernière.

Cette étude s'inscrit dans le cadre de travaux plus vastes qui visent à développer la médecine personnalisée dans le domaine de l'épuisement.

Les personnes atteintes d'épuisement professionnel reçoivent, le plus souvent, un diagnostic de dépression majeure ou de trouble de l'adaptation, celui d'épuisement professionnel ne figurant pas dans le manuel de référence pour les troubles psychiatriques, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).

Psychomédia avec sources : Université de Montréal, Le Devoir
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