Lors de leur accouchement, les femmes ne sont pas suffisamment informées des raisons et des conséquences du déclenchement ou de l’accélération du travail, selon une enquête du Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE), mené sur internet, auprès de 4 400 femmes.

"Un tiers des femmes dont l’accouchement a été déclenché disent ne pas avoir reçu d’information sur le déclenchement, les raisons justifiant d’y recourir, les conditions recommandées pour le pratiquer ; 36% d’entre elles disent ne pas avoir été sollicitées pour donner leur consentement", indique le Ciane.

Pour un certain nombre d’entre elles, non seulement on ne leur demande pas leur consentement mais elles ne sont même pas informées du déclenchement avant sa réalisation.

En ce qui concerne l’accélération du travail, l'analyse "permet de penser que l’administration d’ocytocine se fait à l’insu des femmes dans près d’un tiers des accouchements non déclenchés. Cependant même celles qui ont été informées de l’administration d’ocytocine n’ont pas, et de loin, toujours pu exprimer leur accord: 55% d’entre elles disent que l’on n’a pas demandé leur consentement."

L'enquête montre aussi que "les accouchements déclenchés sont associés à une augmentation significative des autres interventions : taux de césarienne multiplié par 2,4 ; 30% d’épisiotomie en plus, 50% de forceps/ ventouse/ spatules en plus." Et, "tant le déclenchement que l’administration d’ocytocine sont associés à une dégradation de la manière dont les femmes vivent leur accouchement : les femmes ayant subi l’une ou l’autre de ces interventions sont pratiquement deux fois plus nombreuses que les autres à dire qu’elles ont plutôt mal ou très mal vécu leur accouchement (environ 30% / 15%)."

Pour le Ciane, il serait nécessaire d'étudier les raisons qui poussent au déclenchement des accouchements, des études passées ayant conclu à l’importance des pratiques de déclenchement contraires aux données de la science. Il est possible que cette procédure permette d’éviter certaines césariennes, commente le collectif, mais dans d’autres cas elle induit probablement des interventions inutiles.

Enfin le Ciane estime que "des actions doivent être entreprises sans délai pour qu’une information convenable, conforme a minima aux recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) sur le déclenchement et à celles du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français sur le dépassement de terme, soit délivrée aux femmes et pour qu’un véritable dialogue puisse se nouer entre professionnels et parturientes permettant à ces dernières de participer aux décisions de soin qui les concernent."

Le sujet du déclenchement ou de l’accélération du travail a récemment été mis sur le devant de la scène, mentionne le Ciane, par la publication d’un article dans le British Medical Journal Open d’une équipe de l’Inserm montrant un lien entre accélération du travail et hémorragie post-partum.

Psychomédia avec source: Ciane.
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