La Fédération hospitalière de France (FHF), qui regroupe les hôpitaux publics, dénonce la hausse des césariennes "non médicalement justifiées".

Le taux de césariennes a doublé en 25 ans, passant de 10,9 % en 1981 à 20,1 % des naissances en 2007. Cette progression s'est poursuivie dans les dernières années malgré la recommandation du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) en 2000 de privilégier autant que possible l'accouchement par voies naturelles.

La FHF s'appuie sur les écarts dans les taux de césariennes des 559 maternités de niveau 1 (où se pratique au moins 200 accouchements par an) qui vont de 9,3 % à 43,3%. Le taux est en moyenne de 21,5% dans les maternités privées de niveau 1, qui prennent en charge les grossesses les moins risquées, soit un point de plus que dans les établissements publics de niveau 3, qui accueillent pourtant les grossesses pathologiques.

"L'Organisation mondiale de la santé estime que le taux optimal est de 15% environ. Il est normal qu'il y ait des différences entre établissements, mais au-delà de 25% on peut se poser de sérieuses questions", dit Damien Subtil, chef du pôle obstétrique du CHU de Lille.

La hausse des césariennes s'explique en partie par des raisons médicales, comme la multiplication des grossesses tardives. La très controversée étude Hannah, qui recommande la césarienne lorsque l'enfant se présente par le siège, a également joué un rôle.

Il y a aussi une hausse des césariennes "de convenance" à la demande des femmes selon Philippe Descamps, du CNGOF. Mais ce ne sont pas ces raisons médicales ou de convenance qui peuvent expliquer les disparités entre les établissements.

"L'un des paramètres les plus importants est la crainte des procès: on vous reprochera de ne pas avoir fait de césarienne, jamais l'inverse", explique Philippe Descamps. Cette crainte est particulièrement forte dans le privé, où les praticiens doivent souscrire leur propre assurance (25.000 euros par an en moyenne).

Mais aussi, "la césarienne peut être utilisée pour concentrer les naissances lorsqu'il y a davantage de personnel et limiter les gardes de nuit et du week-end", indique Pierre Lesteven, conseiller médical de la FHF.

"Le taux de césarienne des obstétriciens est très lié à leurs conditions de travail", ajoute Paul Sagot, du CHU de Dijon. C'est ce qui explique les "dysfonctionnements" constatés dans nombre de petites maternités, où les médecins sont débordés et où les gardes ne sont pas assurées sept jours sur sept.

La césarienne bénéficie d'une très bonne image, alors qu'elle comporte des risques, déplore Paul Sagot. Les enfants nés par césarienne ont plus de problèmes respiratoires et sont davantage sujets à l'asthme. La mortalité de la mère est 3,5 fois supérieure en cas de césarienne, même si ce taux reste très faible (environ 1 cas sur 10.000, toutes naissances confondues).

Par ailleurs, la césarienne n'est pas facile pour les mères, indiquait la Fédération suisse des sages-femmes dans un rapport, dénonçant le recours croissant à cette intervention, paru la semaine dernière. Une étude, y rapportait la fédération, a indiqué que 9 femmes sur 10 ayant eu un accouchement par les voies naturelles seraient prêtes à recommencer de la même manière, ce qui ne serait le cas que d'une femme opérée sur 3. La fédération mentionnait également que les mères ayant subi une césarienne ont des douleurs jusqu'à six mois après, qu'elles ne peuvent pas porter leur enfant et ont des difficultés à allaiter. Elles ont également davantage de complications sévères lors des grossesses suivantes.

Psychomédia avec source:
leJDD.fr