Qu'est-ce que l'homéopathie ? Vous ne le savez peut-être pas et vous n'êtes pas seul(e).

Le Pr Joe Schwarcz, directeur de l'Organisation pour la science et la société de l'Université McGill de Montréal (dont la mission est de « distinguer entre le bon sens et les sornettes »), a demandé à des gens au hasard, incluant des médecins, ce qu'était l'homéopathie. Il a obtenu une diversité de réponses : plantes médicinales, « c'est comme… l'acupuncture », « pas de produits chimiques », « guérison énergétique »….

Des millions de gens à travers le monde utilisent l'homéopathie, peuvent-ils avoir tort ? écrit-il dans The Gazette. « Oui ».

Une question qui est pertinente car le fait que l'utilisation soit répandue semble constituer un important argument de vente comme en témoignent les sondages publiés par Boiron, le géant français de l'homéopathie, qui montrent qu'une majorité de Français l'utilisent. Une enquête de 2011 pour le compte de Boiron montrait que 53 % des Français l'utiliseraient (8 foyers sur 10). Parmi ces utilisateurs 20 % disaient en ignorer la nature.

L'homéopathie n'est rien de ce que plusieurs pourraient penser. « Elle n'a rien à voir avec les remèdes à base de plantes dont beaucoup ont des usages légitimes », explique Schwarcz.

Elle a été développée en Allemagne à la fin des années 1700 (proposée par Samuel Hahnemann en 1796). « Il s'agit d'une pratique, éclose à l'âge des ténèbres de la science, qui repose sur l'idée que les substances qui provoquent des symptômes chez une personne en santé peuvent guérir ces mêmes symptômes chez une personne malade. (Ainsi, par exemple, les oignons qui font larmoyer peuvent être utilisés pour soulager les symptômes du rhume des foins.) Il n'y a aucune logique à cela, mais ce n'est pas où ça s'arrête. Les homéopathes, défiant tout ce que nous savons sur la toxicologie, estiment que la dilution d'une solution contenant un remède homéopathique augmente sa puissance. En fait, pour potentialiser le remède, les dilutions sont effectuées au point que le produit final, dans la plupart des cas, ne contient même pas une seule molécule du remède original. » L'eau, ainsi dépourvue d'ingrédients actifs, est intégrée à des granules, petites billes de lactose, qui donnent une apparence de médicaments.

D'où viendrait donc l'action des produits homéopathiques ? L'eau garderait une empreinte de la substance originale, une mémoire… « Le concept est absurde », dit Schwarcz. Il défie tout ce qui est connu de la chimie et de la physique.

Soulignons toutefois que le National Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) américain met en garde contre le fait que « certains produits étiquetés comme homéopathiques peuvent contenir des quantités importantes de substances actives et peuvent donc causer des effets secondaires et des interactions médicamenteuses. »

L'effet bénéfique que certains ressentent trouve plusieurs explications : l'amélioration naturelle des symptômes avec le temps, l'effet placebo et la réduction du stress et de l'anxiété amenée par l'oreille attentive de l'homéopathe.

Contrairement aux médicaments conventionnels, autant en Amérique du Nord qu'en Europe, aucune preuve d'efficacité n'est requise pour la commercialisation des produits homéopathiques. Santé Canada manque ainsi à sa mission, d'assurer que les produits commercialisés sont efficaces, souligne le chercheur.

Ajoutons que le cautionnement des autorités de santé est sans doute une raison importante de la confiance accordée par la population à ces produits. (En France, les opposants n'ont pas encore obtenu que ces produits soient déremboursés…).

Homéopathie : toujours pas de preuve d'efficacité

Lire l'article sur The Gazette : Right Chemistry: Debunking homeopathy.

Psychomédia avec source : NCCAM.
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