Le manque de retenue dans les communications - les propos offensants, embarrassants ou carrément grossiers - sont plus fréquents dans les communications en ligne que dans les communications en face à face, selon le psychologue Daniel Goleman. Ce qui s'explique en partie par ce qui a été appelé l'effet de désinhibition sur internet.

Le psychologue John Suler énumérait, dans un article paru dans CyberPsychology & Behavior, plusieurs facteurs psychologiques pouvant conduire à la désinhibition en ligne:
l'anonymat d'un pseudonyme (anonymat plus ou moins réel en fait); l'invisibilité aux autres; le laps de temps entre l'envoi du message et la réception du feedback; le sens exagéré de soi du fait d'être seul(e) à son clavier et le manque de figure d'autorité en ligne.

Dr. Suler note que cette désinhibition peut être bénigne - par exemple quand une personne timide se sent plus libre de s'ouvrir en ligne - ou peut être toxique, par exemple quand quelqu'un se défoule sans retenue.

Pour Goleman, les recherches en "neurosciences sociales", qui étudient ce qui se passe dans le cerveau et le corps de personnes qui interagissent, aident aussi à comprendre ce manque de retenue dans les communications en ligne.

Dans les interactions en face à face, le cerveau a accès à de constants signaux émotionnels et sociaux en provenance de ses interlocuteurs, et les utilise instantanément pour guider l'interaction suivante de telle sorte que la rencontre se déroule bien.

Une grande part de ce traitement d'informations qui guide l'interaction se produit dans le cortex orbitofrontal, qui est un centre qui intervient dans l'empathie. Cette partie du cortex effectue une surveillance des indices sociaux pour s'assurer que la prochaine action prévue est adéquate.

Des recherches par la psychologue Jennifer Beer de l'Université de Californie ont montré que ce système de guidage inhibe bel et bien les pulsions pour des actions ou des paroles qui perturberaient l'autre ou nuiraient à l'interaction. Des gens ayant des dommages dans cette région du cerveau ont une perte de leur ajustement social. Ils manquent de jugement et font des gaffes. Leur cortex n'est plus en mesure de moduler les impulsions qui proviennent de l'amygdale.

Le comportement social habile est le résultat de l'interaction entre le cortex orbitofrontal et les centres émotionnels comme l'amygdale qui génèrent l'impulsivité. Mais le cortex a besoin d'informations sociales telles que les changements dans le ton de la voix et les expressions faciales, pour savoir comment sélectionner et canaliser les impulsions. Des informations que n'offre pas la communication par e-mail.

Manquant d'indices en temps réel, la communication en ligne peut facilement manquer d'ajustement, autant en ce qui concerne les messages envoyés que l'interprétation des messages reçus.

Des communications par vidéo permettraient un meilleur ajustement. En attendant, il est recommandé de se calmer et de penser avant d'écrire impulsivement. Attendre avant d'envoyer et relire plus tard est aussi aidant.

PsychoMédia avec source: Daniel Goleman, New York Times.
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