Le lévétiracétam (Keppra, Levetrol), un médicament anti-épileptique (anticonvulsivant) déjà sur le marché, pourrait améliorer les symptômes de la maladie d'Alzheimer, selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Ce que ne fait aucun médicament autorisé actuellement pour le traitement de la maladie, soulignent les chercheurs.

Le médicament renversait les pertes de mémoires et d'autres symptômes cognitifs chez des souris génétiquement modifiées pour développer la maladie. Une étude publiée il y a quelques mois, menée par des chercheurs de l'université John-Hopkins, a aussi montré une efficacité de ce médicament chez des personnes atteintes d'un déficit cognitif léger qui évolue souvent vers une maladie d'Alzheimer.

Des études précédentes de l'équipe de chercheurs avaient suggéré des liens entre la maladie d'Alzheimer et l'épilepsie. L'Alzheimer est lié à des perturbations de l'activité électrique de réseaux cérébraux qui escaladent parfois en crise d'épilepsie. Les chercheurs ont voulu vérifier si des médicaments minimisant ces perturbations pouvaient améliorer la mémoire.

Lennart Mucke et Pascal Sanchez du Gladstone Institutes de l'Université de Californie à San Francisco et leurs collègues ont testé sept anticonvulsivants chez des souris produisant une protéine amyloïde anormale. L'accumulation sous forme de plaques de cette protéine est une caractéristique de la maladie dont la causalité est matière à débat. Des médicaments en cours de développement visent à détruire ces plaques ou les empêcher de se former.

Quelques heures après une injection, les altérations de l'activité électrique étaient diminuées de plus de 50 % par le lévétiracétam. Après deux semaines de traitement, la communication entre les cellules nerveuses était améliorée et les souris présentaient de meilleures capacités apprentissage et de mémoire dans un test du labyrinthe. Et, les niveaux de plusieurs protéines importantes pour le fonctionnement sain du cerveau étaient normalisés.

Les autres anti-épileptiques n'ont pas entraîné d'amélioration, ce qui indique que le lévétiracétam a une activité spécifique, dont le mécanisme n'est pas encore identifié. Le lévétiracétam est l'un des anticonvulsivants qui a le moins d'effets secondaires, soulignent les chercheurs.

Ces derniers incitent toutefois à la prudence devant ces résultats, rappelant que bien des molécules efficaces chez l'animal se sont révélées inefficaces ou toxiques chez l'humain. "Jusqu'à ce que des essais plus importants chez l'homme aient été achevés, nous mettons en garde contre toute utilisation off-label (hors autorisation de mise sur le marché) du lévétiracétam", dit Mucke. Mais la cohérence de ces résultats et de ceux de l'équipe de John-Hopkins devrait inciter à mener des essais cliniques plus poussés, estiment-ils.

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