L'insecticide DDT augmenterait le risque de la maladie d'Alzheimer, selon une étude américaine publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA): Neurology. Ce pesticide, de la famille des organochlorés, est interdit aux États-Unis depuis 1972 et en France depuis 1971 mais subsiste de nombreuses années dans l'environnement et l'organisme humain.

Allan Levey de l'Université Emory et Jason Richardson de l'Université Rogers ont, avec leurs collègues, mené cette étude avec 86 personnes atteintes d'Alzheimer et 79 personnes en santé.

Les niveaux sanguins de DDE - métabolite persistant dans le corps après le métabolisme du DDT (dichlorodiphényltrichloréthane) - étaient environ 4 fois plus élevés chez les personnes atteintes d'Alzheimer que chez les personnes en santé. Cet effet est comparable à celui du facteur génétique prédisposant à la maladie le plus courant (APOE4).

Les participants qui étaient porteurs de cette mutation génétique étaient plus sensibles à la présence de DDE et leurs symptômes étaient plus sévères.

Des cultures en laboratoire de cellules nerveuses exposées à des concentrations de DDE comparables à celles se trouvant chez les participants qui avaient les niveaux de DDE les plus élevés, ont montré que le DDT et le DDE augmentent les niveaux de la protéines précurseurs des plaques amyloïdes qui sont caractéristiques de la maladie, ce qui représente un mécanisme plausible pour expliquer le lien entre l'exposition au DDE et la maladie.

"Nous sommes encore exposés à ces substances chimiques par le fait que nous pouvons consommer des fruits, légumes et céréales importés de pays qui utilisent encore cet insecticide et aussi parce qu'il persiste longtemps dans l'environnement", souligne le Dr Richardson.

Le DDT peut rester dans l'organisme de 8 à 10 ans et le DDE, son métabolite, s'accumule dans les tissus tout au long de la vie. Ceci pourrait aider à expliquer le fait que l'âge est le plus grand facteur de risque d'Alzheimer.

Bien qu'il soit interdit depuis plus de 40 ans aux États-Unis, le pesticide est encore détecté dans 75 à 80% des échantillons de sang de la population. (Une étude de l'InVS publiée en 2011 montrait que les niveaux sanguins de pesticides organochlorés, famille à laquelle appartient le DDT, dans le sang des Français est 10 fois supérieur à celui des Allemands.)

Mais, explique le Dr Richardson, les niveaux de DDE ne sont pas le seul facteur expliquant l'Alzheimer : chez certaines personnes atteintes de la maladie, le DDE n'était pas détectable alors que chez certaines personnes en santé les niveaux étaient élevés. L'interaction entre les facteurs génétiques et le pesticide semble un facteur important.

Ces résultats sont à confirmer par une étude auprès d'un plus grand nombre de participants, indiquent les chercheurs.

Psychomédia avec source : JAMA Neurology.
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