Injectée en petites quantités dans le cerveau d’animaux, la forme "pathologique" d’une protéine, la α-synucléine, déclenche à elle seule la dégénérescence associée à la maladie de Parkinson, montre une étude française publiée dans la revue Annals of Neurology.

La protéine, l’α-synucléine, était déjà soupçonnée de jouer un rôle important dans la maladie de Parkinson pour deux raisons :

1- Elle se retrouve en grande quantité, sous sa forme agrégée, dans des amas protéiques typiques de la maladie (les corps de Lewy).

2- Dans les formes familiales de la maladie, le gène muté est celui codant pour cette protéine.

Par ailleurs, plusieurs études ont montré que l’α-synucléine agrégée est toxique pour les neurones, aussi bien in vitro (dans des cellules en laboratoire) qu'in vivo.

Benjamin Dehay de l’Institut des maladies neurodégénératives de Bordeaux et ses collègues ont d’abord prélevé la protéine dans le cerveau de personnes décédées et l'ont injecté dans le cerveau de souris et de macaques, au niveau du striatum (la région siège de la maladie de Parkinson).

Après 4 mois chez les souris et 9 mois chez les singes, une dégénérescence des neurones dopaminergiques, typique de la maladie de Parkinson, était observée; après 14 mois, l’observation du cerveau des animaux a montré que leurs propres protéines α-synucléines s’étaient agrégées entre elles et que ces agrégats s’étaient propagés dans des aires cérébrales distantes du striatum.

"En injectant dans le cerveau de ces animaux de petites quantités de protéines humaines malades (...), nous avons déclenché la maladie de Parkinson. C’est la preuve que cette protéine est bien le responsable de la pathologie", estime le chercheur.

"En outre, nous avons montré qu’elle agit selon un mécanisme de type prion, tel que celui impliqué dans la maladie de Creutzfeld Jacob : la protéine malade administrée induit un changement de conformation des protéines α-synucléines de l’hôte et le phénomène se propagent de neurones en neurones, entrainant des dysfonctionnements puis la dégénérescence des cellules", décrit-il.

Reste à vérifier que ces résultats sont bien transposables à l’humain. Ces travaux ouvrent des pistes de recherche de traitements: "Nous pouvons supposer qu’en bloquant l’agrégation de cette protéine, ou en augmentant sa dégradation, nous pourrons prévenir la maladie", estime le chercheur. "Il faudra intervenir très en amont, avant que les agrégats ne gagnent différentes aires cérébrales et ne soient trop diffus", explique Benjamin Dehay.

"Nous rentrons dans une phase extrêmement active pour découvrir des traitements qui s’attaquent enfin aux mécanismes de la maladie, et non plus seulement à ses symptômes", conclut le chercheur.

Psychomédia avec source: Inserm.
Tous droits réservés