Une femme de 57 ans a été victime samedi d'un arrêt cardiaque, après avoir subi une expertise visant à établir si la pathologie dont elle souffre est bien liée à l'antidiabétique (coupe faim) Mediator des laboratoires Servier, rapporte le Nouvel Observateur (avec AFP). Elle est actuellement (dimanche 12h.) en réanimation à Rennes, dans un état grave.

Cette femme, "qui vit en sursis avec une insuffisance cardiaque dramatique et deux prothèses valvulaires", a subi samedi une expertise judiciaire "très, très éprouvante" de plusieurs heures à Rennes, a précisé son médecin, la Docteure Frachon (CHU de Brest, auteure du livre "Mediator 150 mg. Combien de morts?"). Une demi-heure plus tard, peu après être montée dans le train pour rentrer chez elle à Brest, "elle a fait un arrêt cardiaque", a-t-elle indiqué. Cette femme "est tellement handicapée par sa maladie qu'elle ne peut pas prendre sa voiture".

Dre Franchon dénonce une "violence procédurière" des laboratoires Servier: « Il y a une violence procédurière qui peut mettre les patients très fragilisés dans des situations extrêmement difficiles. Tout est remis en cause, discuté virgule par virgule. C'est une deuxième violence. »

La dame a porté plainte en juillet 2010 après une grave pathologie cardiaque, "strictement liée au Médiator" qu'elle a commencé à prendre en 2007 selon la docteure.

Gérard Bapt, député PS, dénonce également « le parcours des combattants » des victimes du Médiator : « Les laboratoires Servier vont maintenant se battre comme des chiens, au cas par cas, avec leurs avocats rompus depuis des années à ce genre d'exercices, avec des médecins méprisants, en demandant l'histoire clinique des malades depuis leur naissance. C'est véritablement scandaleux. »

Le médicament coupe faim Médiator (benfluorex), tardivement retiré du marché en 2009, qui serait à l’origine d’au moins 500 morts en France (voire jusqu'à 2000), affecte les valves cardiaques.

Les lésions des valves liées au Mediator présentent des caractéristiques communes avec les lésions provoquées par d’autres médicaments dérivés des amphétamines, a montré une étude publiée par l'European Journal of Echocardiography en décembre 2010 par le cardiologue Florent Le Ven, également du CHU de Brest, et ses collègues.

Les anomalies portaient surtout sur les valves aortiques et mitrales, et dans les trois quarts des cas, plusieurs valves étaient touchées. Les conséquences de ces valvulopathies peuvent être graves avec des symptômes de défaillance cardiaque sévère qui peuvent conduire à un traitement chirurgical et même causer la mort. La moitié des 40 personnes ayant participé à l'étude étaient également atteintes d'une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), une autre complication sévère liée aux anorexigènes. Les auteurs estimaient que le nombre de valvulopathies liées au Médiator est probablement sous-estimé.

Psychomédia avec source:
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