Les autorités sanitaires françaises envisagent un rappel, par les généralistes, des personnes ayant pris le médicament antidiabétique Mediator (benfluorex) du laboratoire français Servier, rapporte Le Figaro.

Selon une étude de la Caisse nationale d’assurance maladie présentée lundi le 15 novembre à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), entre 1976 et 2009, plus de 500 décès en France seraient attribuables au Mediator (une estimation «a minima», insiste le document) ainsi que plus de 3500 hospitalisations pour des lésions des valves cardiaques et 1750 interventions en chirurgie cardiaque. Des formes bénignes auraient également concerné des dizaines de milliers de personnes.

Le médicament, d'abord réservé aux diabétiques en surpoids ou présentant une hypertriglycéridémie puis prescrit comme coupe faim aux personnes désireuses de perdre du poids, a été retiré du marché français en 2009 en raison d'un risque d’atteinte des valves cardiaques et d'une efficacité modeste. Deux millions de personnes ont pris ce médicament en France, 300 000 l'utilisaient au moment de son retrait.

L'Afssaps devrait annoncer qu'elle engage les généralistes à procéder à un examen cardiaque de leurs malades traités par ce médicament, indique Le Figaro.

Plusieurs malades ont porté plainte contre le laboratoire Servier du fait de complications cardiaques et l'Agence du médicament a aussi été vivement critiquée pour avoir tardé à retirer le médicament du marché. Il a fallu le travail acharné de la pneumologue Irène Frachon (auteure du livre Mediator, sous-titre censuré paru en juin) et de ses collègues du Chu de Brest pour que le médicament soit retiré en 2009.

Dès 2000, la revue Circulation publiait un article décrivant les effets néfastes de la norfenfluramine (le métabolite du Mediator) sur les valves cardiaques, alerte reprise en 2007 par le New England Journal of Medicine, rappelle Le Figaro. Or le Mediator est un dérivé des amphétamines, chimiquement proche d'un autre médicament de Servier, l'Isoméride, retiré de la vente en 1997. "Le laboratoire ne pouvait donc pas ignorer que l'Isoméride et le Mediator ont le même métabolite toxique", mentionne le quotidien.

Selon le député PS Gérard Bapt, cardiologue de formation, «le ministère de la Santé doit rappeler les patients qui ont pris du Mediator. Les autorités de santé n’ont que trop tardé sur ce dossier, en ne se décidant pas assez vite. Il s’agit d’une très grave affaire de santé publique», rapporte Le Parisien.

Psychomédia avec sources:
Le Figaro, Le Parisien
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