Le Parisien a rapporté ce mercredi que 86% des dossiers de victimes présumées du Mediator (benfluorex) seraient jugés irrecevables par les experts du ministère de la Santé. Ce chiffre s'appuie sur l'examen de 10% des 7500 dossiers parvenus à ce jour aux experts chargés du fonds. Sur les 831 dossiers étudiés, 712 auraient été rejetés et 112 jugés recevables.

En juin 2011, au moment de la création du fonds, précise Le Monde, Dominique Martin, le directeur de l'Oniam, précisait que seules les personnes souffrant d'un "déficit fonctionnel" (insuffisance respiratoire, valvulopathie) pour lequel un lien aura été établi avec la prise du médicament seront dédommagées.

"Je constate et déplore, a déclaré à 20 Minutes, Irène Frachon, pneumologue du CHU de Brest et auteur du livre Mediator, 150 mg, combien de morts en 2010, que l’Oniam (Office national d’indemnisation des accidents médicaux) a décidé que les cas les plus minimes ne seraient pas indemnisés. Tout ça parce qu’ils ont peur de perdre en justice contre le laboratoire Servier.

(...) Une étude des laboratoires Servier montre que les valvulopathies cardiaques «minimes» sont beaucoup plus fréquentes sous Mediator, mais que l’on peut vivre avec. Du coup, il a été décrété qu’il n’y aurait pas d’indemnisation dans ces cas. Pour éviter de se faire retoquer en justice face à Servier, les experts de l’Oniam ont semble-t-il décidé de juger non indemnisables nombre de ces dossiers."

Cette position, estime-t-elle, n’est pas dans l’esprit de la loi voulue par Xavier Bertrand. "Ce qui avait été imaginé, indique-t-elle, c’est une indemnisation graduée, qui pourrait aller de la centaine d’euro pour les cas les moins graves à la centaine de milliers d’euros pour les plus graves. Il n'y avait pas de seuil plancher pour qualifier le déficit fonctionnel."

En ce qui concerne ce déficit, elle souhaite aussi voir reconnu notamment le "préjudice d'angoisse".

"C’est une incompréhension terrible pour les gens dont les dossiers sont retoqués. Et cela assomme également les malades les plus gravement atteints. Tout cela est une insulte faite aux victimes".

Psychomédia avec sources: 20 Minutes, Le Monde. Tous droits réservés.