Voyez également : Liste 2023 de 107 médicaments plus dangereux qu'utiles selon Prescrire.

La revue Prescrire a publié son bilan annuel des médicaments plus dangereux qu’utiles qu'il vaut mieux éviter. Elle recense une liste de 68 médicaments commercialisés en France parmi lesquels 17 sont utilisés en neurologie et en psychiatrie.

Ces médicaments figurent dans la liste pour l'une des raisons suivantes:

Ils peuvent être efficaces mais exposer à des risques disproportionnés ; être anciens et dépassés par d'autres qui ont une balance bénéfices-risques plus favorable ; être récents et avoir une balance bénéfices-risques moins favorable que des plus anciens ; ou encore ne pas avoir d'efficacité démontrée au-delà de l'effet placebo alors qu'ils exposent à des effets secondaires indésirables graves.

Voici la liste de ces médicaments (Notez que certains se retrouvent aussi sous d'autres noms commerciaux. Pour vérifier si votre médicament figure dans cette liste, utilisez son appellation générique) :

Psychiatrie et dépendances

Antidépresseurs

Plusieurs antidépresseurs exposent plus que d’autres à des risques graves, sans avoir une meilleure efficacité (laquelle est généralement modeste, souvent d’apparition lente).

  • L’agomélatine (Valdoxan) a une efficacité non démontrée, expose à des hépatites et des pancréatites, des suicides et des agressions ainsi que des atteintes cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson)

  • La duloxétine (Cymbalta), « un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, expose aux effets indésirables des antidépresseurs inhibiteurs dits sélectifs de la recapture de la sérotonine (IRS), et en plus à des troubles cardiaques liés à son activité noradrénergique, dont des hypertensions artérielles, des tachycardies, des troubles du rythme cardiaque. Elle expose aussi à des hépatites et des hypersensibilités avec des atteintes cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson) »

  • Le milnacipran (Ixel ou autre) et la venlafaxine (Effexor LP ou autre) « ont une activité sérotoninergique et une activité noradrénergique. Ils exposent aux effets secondaires indésirables des antidépresseurs IRS, et en plus à des troubles cardiaques liés à leur activité noradrénergique, dont des hypertensions artérielles, des tachycardies, des troubles du rythme cardiaque, et des allongements de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme pour la venlafaxine ».

  • La tianeptine (Stablon), « d’efficacité non démontrée, expose à des hépatites, des atteintes cutanées graves parfois mortelles dont des éruptions bulleuses, et des toxicomanies ».

Autres psychotropes

  • L’asénapine (Sycrest), neuroleptique (antipsychotique) « plutôt moins efficace que d’autres neuroleptiques dans les épisodes maniaques chez les patients atteints de trouble bipolaire, expose à des hypersensibilités (angiœdèmes, hypotensions, gonflements de la langue) parfois graves et des hypoesthésies, des effets indésirables qui s’ajoutent inutilement au profil d’effets indésirables des neuroleptiques en général ».

  • La dapoxétine (Priligy), inhibiteur dit sélectif de la recapture de la sérotonine (tel que la classe la plus fréquente d'antidépresseurs), prescrit pour traiter l'éjaculation précoce ; il « a une efficacité très modeste en cas d’insatisfaction sexuelle en raison d’un délai d’éjaculation trop court. Les effets indésirables sont disproportionnés avec des accès d’agressivité, des syndromes sérotoninergiques, des syncopes. Choisir des techniques psychocomportementales est plus prudent. ».

  • L’étifoxine (Stresam), « d’efficacité mal évaluée dans l’anxiété, expose à des hépatites et à des hypersensibilités graves (dont des syndromes d’hypersensibilité multi-organique [alias Dress], des syndromes de Stevens-Johnson et de Lyell). Quand un anxiolytique est souhaitable, il est beaucoup plus prudent de choisir une benzodiazépine pour une durée la plus courte possible.

Sevrage tabagique

  • La bupropione (Zyban), un » amphétaminique, expose à des troubles neuropsychiques (dont des agressivités, des dépressions, des idées suicidaires), des réactions allergiques parfois graves (dont des angiœdèmes, des syndromes de Stevens-Johnson), des dépendances, et des malformations cardiaques congénitales en cas d’exposition in utero."

  • La varénicline (Champix) expose à des dépressions, des suicides, des éruptions cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson) et des troubles cardiaques (dont des angors et infarctus du myocarde, des fibrillations auriculaires)".

Neurologie

Maladie d’Alzheimer

« Les médicaments de la maladie d'Alzheimer disponibles en 2014 ont une efficacité minime et transitoire. Ils sont peu maniables en raison des effets indésirables disproportionnés et exposent à de nombreuses interactions. Aucun de ces médicaments n’a d’efficacité démontrée pour ralentir l’évolution vers la dépendance et ils exposent à des effets indésirables graves, parfois mortels. » Ces médicaments sont :

  • Les anticholinestérasiques :

    • Le donépézil (Aricept ou autre)
    • La galantamine (Reminyl ou autre)
    • La rivastigmine (Exelon ou autre)

    Ils exposent à des troubles digestifs dont des vomissements parfois graves ; des troubles neuropsychiques ; des troubles cardiaques, dont des bradycardies, des malaises et des syncopes, et des troubles de la conduction (électrique) cardiaque.

  • La mémantine (Ebixa ou autre), un antagoniste de récepteurs du neurotransmetteur glutamate, « expose à des troubles neuropsychiques tels qu’hallucinations, confusions, sensations vertigineuses, céphalées, conduisant parfois à des comportements violents, des convulsions ».

« Mieux vaut se concentrer sur l’aide à l’organisation du quotidien, le maintien d’activité, l’accompagnement et l’aide de l’entourage », estime la revue.

Migraine

Deux neuroleptiques (antipsychotiques) utilisés « en prévention des crises de migraine, ont une efficacité au mieux modeste (…) mais exposent à des troubles extrapyramidaux (neurologiques moteurs et musculaires), des troubles cardiaques et des prises de poids ». Ce sont :

  • La flunarizine (Sibelium), efficacité d'environ une crise en moins tous les deux mois
  • L’oxétorone (Nocertone)

« Choisir d’autres options tel que le propranolol (Avlocardyl ou autre) est plus prudent », indique la revue.

Maladie de Parkinson

  • La tolcapone (Tasmar) expose à des atteintes hépatiques (foie) parfois mortelles. « Quand les options thérapeutiques sont épuisées, il est beaucoup plus prudent de choisir l’entacapone (Comtan ou autre). »
Pour plus d'informations, voyez l'article de Prescrire : Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2014 (pdf).

Psychomédia avec source : Prescrire.
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