Partager ses expériences extraordinaires peut avoir un coût social négatif, suggère une étude publiée dans la revue Psychological Science.

Les participants à cette étude pensaient à tort qu'avoir une expérience extraordinaire les rendrait plus intéressants dans une conversation, explique le chercheur en psychologie Gus Cooney de l'Université de Harvard. "Mais ils avaient tort, parce qu'avoir une expérience extraordinaire c'est être différent des autres, et l'interaction sociale est fondée sur des similitudes", explique-t-il.

Avec ses collègues (1), il a mené cette étude avec 68 étudiants répartis en groupes de 4. Dans chaque groupe, un participant regardait une vidéo remarquable cotée 4 étoiles alors que les autres regardaient une vidéo banale cotée 2 étoiles. Ils se réunissaient ensuite pour une conversation non structurée de 5 minutes.

Les participants qui ont regardé la vidéo 4 étoiles rapportaient se sentir moins bien après la discussion que ceux ayant regardé l'autre vidéo, en raison du fait qu'ils se sentaient davantage exclus au cours de la discussion. Le malaise était accentué par le fait qu'ils ne s'attendaient pas au coût social d'avoir une expérience les séparant du groupe, explique le chercheur. Deux études additionnelles ont en effet montré qu'ils s'attendaient à ce que l'expérience extraordinaire représente un avantage dans l'interaction sociale.

Ces résultats suggèrent que nous pourrions choisir d'être plus judicieux en déterminant comment nous partageons nos expériences avec les autres, conclut le chercheur qui va plus loin: au moment de choisir entre des expériences, ne pas penser seulement à comment elles permettent de se sentir en les vivant mais aussi à la façon dont elles ont une incidence sur les interactions sociales, suggère-t-il. "Si une expérience vous transforme en quelqu'un qui n'a rien en commun avec les autres, alors peu importe à quel point elle était bonne, elle ne vous rendra pas plus heureux à long terme."

Une étude publiée en septembre dernier par le psychologue George Loewenstein de l'Université Carnegie Mellon et ses collègues (2), rapportée par le New York Times, montrait aussi que les gens estiment souvent mal le moment où la narration de leurs expériences positives devient interprétée comme une vantardise désagréable par les auditeurs. Certaines expériences peuvent intéresser et amuser les auditeurs, nuancent-ils. Mais d'autres ennuient. Pensez-y deux fois, suggère-t-il, avant de sortir vos photos de voyage.

Partager les expériences positives peut avoir un impact différent selon le contexte toutefois, voyez notamment : Partager les expériences positives aide à contrer le biais de négativité.

(1) Gus Cooney, Daniel T. Gilbert, Timothy D. Wilson

(2) Publiée dans la revue Social Science Research Network (SSRN) avec pour coauteurs Irene Scolelliti et Joachim Vosgerau.

Psychomédia avec sources: Association for Psychologial Science, New York Times, SSRN
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