Dans sa première étude publiée sur le sujet, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) "sous-estime honteusement" les conséquences pour la santé de la catastrophe nucléaire de Fukushima survenue en mars 2011, estime l'organisation Greenpeace. Ce qui ramène à l'esprit l'existence d'un accord qui inféode l’OMS à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

En dehors de la zone de 20 kilomètres autour de la centrale la plus affectée par les radiations, aucune hausse des risques de cancer n'a été relevée et le risque prédit pour l'avenir demeure faible, indique l'OMS.

Dans la zone la plus proche, les risques de cancer du sein ont augmenté de 6% chez les femmes et les filles et ceux de leucémie de 7% chez les hommes et les nourrissons exposés.

Le risque de cancer de la thyroïde a augmenté de 70% chez les femmes et les enfants de moins d'un an. Le risque de cancer de la thyroïde passe ainsi de 0,75% à 1,25%. Les travailleurs de la centrale sont les plus à risque: un tiers d'entre eux pourraient développer un cancer. Les niveaux de radiations dans la préfecture de Fukushima étaient trop bas pour affecter le développement des fœtus, estime le rapport.

"L'OMS et d'autres organisations doivent cesser de minimiser et cacher l'impact de cette catastrophe et appeler à mettre davantage l'accent sur la protection des millions de personnes qui vivent toujours dans des zones contaminées", dénonce Greenpeace. Le rapport sous-estime notamment l'exposition des personnes qui vivaient à moins de 20 km de la centrale, selon l'organisation. Par ailleurs, les faibles pourcentages mis de l'avant par l'OMS représentent déjà des conséquences importantes touchant des milliers de personnes, souligne-t-elle.

"Ce rapport est à considérer comme une déclaration politique pour protéger l'industrie nucléaire et non pas comme un travail scientifique axé sur la santé des personnes". Et de rappeler que l'OMS ne publie des rapports sur l'impact des rejets radioactifs sur la population qu'avec l'approbation de l'AIEA.

En effet, l'Accord WHA 12-40 signé en 1959 inféode l’OMS à l’AIEA en cas d’accident nucléaire. Il exige notamment la confidentialité dans certains domaines et que les deux agences soient d'accord pour tout projet qui concerne un intérêt commun.

Le collectif d'associations OMS Indépendante dénonçait en 2011 le fait que l'OMS se retrouve "pieds et poings liés, dans l’impossibilité d’accomplir sa mission et de venir en aide aux victimes".

"En cas d’accident nucléaire, l’AIEA est seule compétente, l’OMS ne s’en mêle pas. En 1986, lors de l’accident de Tchernobyl, les victimes des radiations ont été abandonnées à leur sort, alors même que les systèmes de santé russe, biélorusse et ukrainien étaient en pleine déliquescence. L’OMS a des milliers de morts sur la conscience, autant de personnes qui auraient pu être sauvées. Aujourd’hui avec Fukushima, c’est pareil, ils ne font rien! Alors que pour un poulet mort, on débloque des dizaines de millions de francs", s'indignait Jean Ziegler, membre du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

Dans une entrevue accordée à Rue 89 en avril 2011, le spécialiste français Michel Fernex exposait des manquements graves de l'OMS en lien avec son entente avec l'AIEA.

Photo : Source, Greenpeace

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