Les médicaments antihypertenseurs de la famille des bêta-bloquants pourraient réduire les émotions de peur associées à certains souvenirs, selon une récente étude néerlandaise publiée dans la revue Nature Neuroscience.

Une étude précédente, menée par le psychiatre Alain Brunet et ses collègues de l'Université McGill (Canada), publiée dans le Journal of Psychiatric Research, avait montré que les bêta-bloquants pouvaient aider les personnes souffrant de stress post-traumatique.
La psychologue Merel Kindt et ses collègues de l'Université d'Amsterdam ont mené cette étude avec 60 participants à qui ils ont présenté une photographie d'araignée accompagnée d'un choc électrique, les conditionnant ainsi à avoir un souvenir craintif de l'image.

Le lendemain, une partie des participants recevait un médicament bêta-bloquant, le propranolol, alors que l'autre recevait un placebo avant d'être ré-exposés à la photographie.

La réponse de peur du groupe ayant reçu le médicament était grandement réduite ou même éliminée. "Les participants n'avaient pas oublié l'image", explique Kindt. "Mais la peur qui y était associée était disparue."

Les chercheurs croient que les bêta-bloquants fonctionnent en changeant la façon dont les souvenirs traumatisants sont emmagasinés. Chaque fois qu'un souvenir est remémoré, il change un peu et la nouvelle version est enregistrée dans la mémoire à long terme par le biais de fluctuations chimiques dans un processus appelé reconsolidation. Les bêta-bloquants pourraient interférer avec la chimie cérébrale, bloquant la reconsolidation de la composante émotionnelle de la mémoire, mais laissant le reste du souvenir intact, suggèrent les chercheurs.

Les bêta-bloquants ne stopperaient pas seulement la reconsolidation des souvenirs de traumatismes, précisent les chercheurs. Il est probable que tout souvenir émotif, heureux ou triste, serait neutralisé", spécule Kindt.

Avant que les bêtabloquants puissent être considérés comme un traitement largement utilisé pour les troubles anxieux tels que le stress post-traumatique, leurs effets à long terme sur la mémoire doivent être évalués. Mais ces médicaments sont relativement bénins et déjà largement prescrits pour d'autres affections, notent les chercheurs.

Certains experts s'interrogent toutefois sur les aspects éthiques d'un tel traitement qui altère le fonctionnement mental.

Un traitement du stress post-traumatique associant un bêta-bloquant à la psychothérapie testé en France (2016)

Pour plus d'informations sur le stress post-traumatique (SPT) et le propranolol pour le traitement du SPT, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources: BBC, ScienceNews.
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