Un rapport du Comité du Conseil de l'Europe pour la prévention de la torture sur les lieux de détention est très critique sur les conditions de détention en France. Le rapport, publié le 10 décembre, qualifie de "traitement inhumain et dégradant" la situation de plusieurs détenus.

Le comité s’alarme, entre autres, du manque de personnel médical, et notamment de psychiatres, alors même que le nombre de détenus atteints de troubles mentaux ne cesse d’augmenter.

A la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne), le Comité a constaté que des détenus faisant l’objet d’une demande d’hospitalisation psychiatrique d’office devaient attendre deux à sept jours, voire plus, au service médico-psychologique, avant de pouvoir rejoindre un établissement. Pendant cette attente, «les patients présentant des états de souffrance aiguë étaient placés dans l’une des cellules d’isolement […], obligés de rester nus en cellule, soumis à un contrôle visuel régulier du personnel pénitentiaire».

Le gouvernement reconnaît des lacunes dans la prise en charge des détenus souffrant de troubles psychiatriques, tout en prenant ses distances avec le rapport.

Il admet ne pas disposer "d'un dispositif complet d'accueil des détenus souffrant de troubles psychiatriques" et que "les ressources humaines sont parfois insuffisantes".

Il souligne toutefois que la France est, avec 13.000 psychiatres, au deuxième rang européen et que, depuis les années 1990, "des avancées considérables dans la prise en charge des troubles psychiatriques des personnes ont été accomplies".

Alors que 20 % des détenus - soit environ 12 000 personnes - souffrent de troubles psychiatriques, le gouvernement reconnaît la difficulté d'hospitaliser ces détenus dans des établissements psychiatriques, qui restent "démunis face au devoir de gérer le risque d'évasion" et à la nécessité d'assumer "la sécurité au sens pénitentiaire du terme".

La création de 17 unités d'hospitalisation spécialement aménagées (UHSA) devrait "corriger l'ensemble des difficultés" : "Il convient donc de considérer la situation actuelle comme transitoire", conclut le gouvernement.

Pour répondre au "traitement inhumain et dégradant" infligé, selon le comité, aux détenus psychiatriques laissés nus en cellule à Fresnes, le gouvernement expérimente l'utilisation d'un pyjama déchirable destiné à "éviter tout suicide par étranglement ou pendaison".

En décembre dernier le comité national d'éthique avait dénoncé dans un rapport les conditions sanitaires des prisonniers en France. Le rapport rappelait qu'une grande partie de la population carcérale est une population jeune, marginalisée, pauvre et désinsérée sur tous les plans. Près d'un tiers des 85 000 entrants (pour l'année 2005) est toxicomane, 10 % vivent dans un domicile précaire, 5 % sont sans abri, plus du quart a quitté l'école avant 16 ans, plus de 15 % sont illettrés. Pour ce qui est de la santé mentale, le comité d'éthique estimait que 8.000 détenus sont atteints d'une psychose avérée et 4.000 de schizophrénie.

Psychomédia avec sources:
Le Monde
Libération

Pour vous exprimer sur ce sujet, visitez nos FORUMS Soins en santé mentale.