La tendance à l'hostilité a un impact négatif sur la santé, selon une étude québécoise publiée dans le Journal of Psychosomatic Research. Alors que des études précédentes avaient déjà établi un lien entre l'hostilité et la maladie coronarienne, la présente étude précise les mécanismes en cause.

L'hostilité est définie comme une attitude résultant entre autres d'un cynisme ou d'une grande méfiance vis-à-vis des motivations d'autrui.

Cette hostilité, précise Bianca D'Antono, professeur de psychologie et coauteure, "correspond à un trait de caractère, sans que cela soit du domaine de la pathologie. La plupart du temps, ces gens sont très agréables et s'affirment positivement. (...) Je m'intéresse à l'hostilité des gens normaux, qu'elle soit liée à un trait de la personnalité ou qu'elle soit une réponse à celle des autres", dit la chercheuse. Dans ces cas, "l'hostilité peut se refléter sur le plan de l'affect par de la colère ou encore par des comportements interpersonnels plus querelleurs et moins agréables. Ainsi, un tel discréditera ce qu'une personne de son entourage a dit, une autre ne communiquera pas un renseignement utile à un collègue de travail."

Mme D'Antono et ses collègues (1) ont mené cette étude avec 199 hommes et femmes en bonne santé, âgés de 18 à 65 ans. Des prélèvements sanguins ont permis de suivre l'évolution de divers marqueurs d'inflammation. Les participants ont aussi rempli un questionnaire évaluant l'hostilité et noté, pendant 21 jours, leurs émotions et comportements dans un journal de bord électronique.

Un lien a été constaté entre un tempérament hostile et différents marqueurs d'inflammation. Les hommes et les femmes âgés de 35 ans et moins dont la nature hostile était la plus forte avaient les taux de TNF alpha, de protéine C réactive (PCR) et d'interleukine 6 (IL-6) les plus élevés. Le lien entre la personnalité et ces marqueurs était les plus marqués chez les jeunes femmes.

L'hostilité, particulièrement l'hostilité cynique, peut être préjudiciable pour les jeunes femmes, conclut l'étude. "La triade des marqueurs TNF-α, IL-6 et PCR semble vulnérable à des facteurs psychologiques et comportementaux, et peut représenter un mécanisme par lequel l'hostilité cynique contribue à l'augmentation du risque cardiovasculaire chez les femmes."

(1) Julie Boisclair Demarble de l'Université de Montréal, Jean-Claude Tardif de l'Institut de cardiologie de Montréal, DS Moskowitz de l'Université McGill.

Psychomédia avec sources: Université de Montréal, Journal of Psychosomatic Research.
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