En se basant sur les "J'aime" Facebook, des algorithmes informatiques peuvent estimer les traits de personnalité d'une personne mieux que ses amis, les membres de sa famille et son(sa) conjoints(es), montre une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

Cette étude a été menée par Wu Youyou et ses collègues des universités de Cambridge et Stanford avec 86,220 volontaires sur Facebook qui ont complété un test de personnalité mesurant cinq grands traits de personnalité (communément appelés "Big Five").

Ces traits, correspondant à l'acronyme mnémonique OCEAN, sont les suivants (et leurs opposés):

(O) Ouverture à l'expérience (originalité)
(C) Consciencieusité (contrôle, minutiosité, discipline)
(E) Extraversion (énergie, enthousiasme)
(A) Agréabilité (altruisme, affection)
(N) Neuroticisme ou névrotisme (émotions négatives...)

Des jugements de la personnalité par des proches ont aussi été fournis pour plus de 30 000 de ces participants.

À partir de cette grande base de données des algorithmes informatiques ont élaboré un modèle de corrélations entre les "J'aime" et les traits de personnalité. Le modèle a ensuite été testé afin d'évaluer sa valeur prédictive.

Le modèle pouvait prédire la personnalité avec plus d'exactitude qu'un(e) ami(e) ou un colocataire avec 70 "J'aime", qu'un membre de la famille avec 150, et qu'un(e) conjoint(e) avec 300. Les utilisateurs de Facebook ayant, en moyenne 227 "J'aime" à leur actif, un ordinateur peut les connaître mieux que leur conjoint(e), soulignent les chercheurs.

Les "mégadonnées" ("big data") et les techniques d'intelligence artificielle telles que l'apprentissage automatique permettent d'atteindre une précision que l'esprit humain peut difficilement atteindre, expliquent les chercheurs. Les humains ont, par exemples, tendance à donner trop de poids à un ou deux exemples, ou encore à être victimes de biais cognitifs irrationnels. Néanmoins, reconnaissent-ils, la détection de certains traits reposant sur une cognition subtile pourrait demeurée plus accessible aux capacités humaines.

De tels algorithmes pourraient être utiles pour améliorer les stratégies de marketing selon la personnalité et l'humeur des consommateurs visés, ou encore aider à sélectionner des employés, mentionnent les chercheurs.

"Dans le futur, les ordinateurs pourraient être en mesure de déduire nos traits psychologiques et de réagir en conséquence, conduisant ainsi à l'émergence de machines émotionnellement et socialement intelligentes", prédit Youyou.

Ce genre d'exploration de données et d'inférences sont déjà utilisées par des fournisseurs de service informatique, indiquent les chercheurs. Un tel avenir dans lequel les machines lisent nos habitudes comme dans un livre ouvert, à très grande échelle, peut sembler dystopique (contre-utopique) pour les gens concernés par la vie privée, mentionnent-ils.

"Nous espérons que les consommateurs, les développeurs de technologies, et les décideurs politiques vont s'attaquer à ces défis en soutenant des lois et des technologies qui protègent la confidentialité, et en donnant aux utilisateurs un contrôle complet sur leurs empreintes numériques", dit Michal Kosinski, coauteur.

(1) Michal Kosinski, David Stillwell

Illustration : University of Cambridge

Psychomédia avec source: University of Cambridge
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