Les politiciens qui veulent bloquer les législations sur le changement climatique rapportent les travaux d'une poignée de scientifiques qui prétendent que l'effet de serre posent peu de risques pour l'humanité, souligne le New York Times. Wei-Hock (Willie) Soon est l'un de ces chercheurs les plus souvent évoqués, rapporte le journal.

Des documents obtenus par Greenpeace et le Climate Investigations Center montrent que ces travaux étaient financés par des intérêts corporatifs.

Ces documents montrent que "Willie Soon, présenté comme un astrophysicien à l’Université Harvard, a reçu plus de 1,2 million de dollars de l’industrie pétrolière, qu’il ne l’a jamais divulgué, qu’il n’a pas de formation en climatologie… et qu’il n’a jamais été astrophysicien à l’Université Harvard !", résume l'Agence Science-Presse.

Il est un ardent défenseur de l’idée que l’humain n’a aucune influence sur le climat et que c’est le Soleil qui cause le réchauffement climatique. Ses travaux lui ont valu des invitations à témoigner devant des élus américains et un prix du « courage » remis par un influent groupe conservateur américain.

Dans sa correspondance avec ses donateurs, il décrit certains de ses articles comme « livrables » ou ayant été « livrés » en échange d’argent. Par exemple, en 2009, en échange des fonds de Southern Company, un géant américain du charbon, il a promis de publier une recherche sur l’influence du Soleil sur les changements climatiques et de donner des conférences sur le sujet.

Sa liste de donateurs, qui remonte à 2002, inclut notamment Exxon Mobil (un géant du pétrole) et l’American Petroleum Institute.

Willie Soon est en fait un employé à temps partiel de l’Institut Smithsonian qui est l’un des deux partenaires du Centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian. Il détient un doctorat en génie aérospatial. Il aurait failli à la règle d’éthique des revues scientifiques sur le dévoilement des sources de financement dans au moins huit cas.

Cette stratégie de financement de chercheurs pour créer un doute scientifique est similaire à celle, ayant été bien documentée, employée par les cigarettiers dans les années 1960 à 1980, souligne le New York Times.

Les historiens et les sociologues de la science, rapporte le journal, expliquent que depuis les guerres du tabac des années 1960, les entreprises essayant de bloquer les législations qui nuisent à leurs intérêts ont employé une stratégie de création d'apparence de doute scientifique.

« Toute cette stratégie de création de doute repose sur la nécessité de créer l’impression qu’il existe un débat scientifique », explique l’historienne des sciences Naomi Oreskes (Université Harvard), auteure du livre Merchants of Doubt.

Les institutions universitaires et les revues scientifiques ont été trop laxistes au cours des dernières décennies envers la recherche douteuse créée pour servir un agenda industriel, dénonce-t-elle.

Un autre exemple de l'emploi par des industriels de stratégies qui évoquent celles des cigarettiers fait actuellement l'actualité. Une étude publiée dans le numéro de mars de la revue PLOS One Medicine met en évidence des stratégies de l'industrie du sucre et l'influence qu'elles ont eu sur les autorités de santé américaines.

Psychomédia avec sources: Agence Science-Presse, New York Times
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