Pour ralentir le changement climatique, il faut transformer radicalement le modèle économique actuel, explique la journaliste, auteure et militante altermondialiste canadienne (torontoise) Naomi Klein dans son nouveau livre Tout peut changer; capitalisme et changement climatique.

La crise du climat, estime-t-elle, "pourrait ouvrir la voie à une transformation sociale radicale susceptible de faire advenir un monde non seulement habitable, mais aussi plus juste".

Elle soutient, rapporte Rob Nixon dans le New York Times, qu'il "est encore temps d'éviter un réchauffement catastrophique, mais pas à l'intérieur des règles actuelles du capitalisme (celles du néolibéralisme, ndlr). Ce qui est sûrement le meilleur argument qui n'ait jamais existé pour changer ces règles".

"Si nous n’avons pas fait ce qu’il fallait pour réduire les émissions, c’est parce que cela allait contre le capitalisme déréglementé, qui est l’idéologie dominante depuis 1980", résume Elisabeth Schneiter sur Reporterre.

"Dans des démocraties menées par les lobbyistes, les donateurs et les ploutocrates, les pollueurs géants vont gagner tandis que le reste d'entre nous, à des degrés divers de passivité et complicité, va regarder la planète mourir", résume Nixon. "Toute tentative visant à relever le défi climatique sera infructueuse à moins d'être conçue dans le cadre d'une bataille beaucoup plus large des visions du monde", écrit Klein.

Pour sortir des combustibles fossiles, dit-elle, il faudrait "enfreindre toutes les règles du libre marché : brider le pouvoir des entreprises, reconstruire les économies locales et refonder nos démocraties."

"Elle montre, dans la première partie du livre comment, à la fin des années 1980, le mouvement écologiste a déraillé et comment la mondialisation et une vision fondamentaliste du marché se sont imposées dans le monde développé", résume Elisabeth Schneiter.

La deuxième partie, "Pensée magique", décrit "les différentes solutions techniques, inquiétantes et lucratives, proposées pour résoudre le changement climatique, comme les systèmes de géo-ingénierie".

La troisième partie "salue la construction d’une économie alternative basée sur des principes et des valeurs nouvelles et l’émergence d’un mouvement populaire, Blockadia, qui gagne des victoires étonnantes contre le secteur des combustibles fossiles, par exemple sur le front du désinvestissement des sociétés pétrolières".

"Les vraies solutions à la crise du climat sont aussi notre meilleur espoir de construire un système économique beaucoup plus stable et plus équitable", explique-t-elle. "Les gens sont prêts à faire des sacrifices, s’ils ont l’impression que l’effort demandé est équitablement réparti dans toutes les catégories sociales, et que les riches paient leur part en proportion."

Voyez également, cet entretien avec Naomi Klein. Propos recueillis par Hervé Kempf pour Reporterre.

Psychomédia avec sources: Actes Sud, New York Times, Reporterre.
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