Le livre "Le Capital au XXIe siècle" de l'économiste français Thomas Piketty, publié à l'automne 2013, atteindra bientôt le million d'exemplaires vendus (1/2 million aux États-Unis, 160 000 en France).

"Ce pavé de 900 pages (...) sur la montée des inégalités (...) fait l'objet d'un concert de louanges", rapporte Le Monde. Paul Krugman, prix Nobel 2008 d'économie, avait ouvert le bal des compliments(...) : « Piketty a transformé notre discours économique. Nous ne parlerons plus jamais de richesse et d'inégalité de la même manière »".

Aux États-Unis, rapporte Le Nouvel Observateur, sa fameuse formule "r > g" (la rentabilité du capital est supérieure au taux de croissance, ce qui accroît implacablement les inégalités) a fait débat tout le printemps.

Pour faire très court, l'auteur démontre sur la base d'analyses couvrant une grande période de l'histoire économique dans le monde que la croissance des inégalités est inhérente au capitalisme et que la table est mise (ralentissement de la croissance économique des pays qui est là pour durer, rentabilité accrue du capital) pour que ces inégalités s'amplifient rapidement dans les prochaines décennies.

Les relations sociales sont donc de plus en plus patrimoniales, résume Le Nouvel Observateur. Si les Trente Glorieuses, les années d'après la Seconde Guerre mondiale, ont pu donner une impression différente, laisser croire à la méritocratie, etc..., ce n'était qu'une parenthèse, pas l'état naturel du capitalisme, démontre-t-il.

On retrouve au début du XXIe siècle (années 2000) des niveaux d'inégalités comparables aux niveaux du XIXe siècle et du début du XXe siècle, indique-t-il.

La solution, estime-t-il, est de taxer progressivement et mondialement le capital.

Se considérant davantage comme un chercheur en sciences sociales que comme un économiste, il se dit porteur d'un certain optimisme, croyant à une "délibération démocratique". Il était interrogé par Jean Birnbaum pour Le Monde, en juillet:

"A des jeunes qui s'adresseraient à vous en reprenant, à propos du progrès, la vieille question kantienne : « Que nous est-il permis d'espérer ? », quelle serait votre réponse ?"

"Je répondrais qu'il est possible de développer une vision optimiste et raisonnée du progrès. Pour cela, il faut miser sur la démocratie jusqu'au bout. Il faut s'habituer à vivre avec une croissance faible, et sortir des illusions héritées des « trente glorieuses », où la croissance allait tout régler. La réflexion sur les formes concrètes de la démocratisation de l'économie et de la politique, sur la façon dont la démocratie peut reprendre le contrôle du capitalisme, cette réflexion ne fait que commencer. Il est urgent de développer des institutions réellement démocratiques, au niveau européen comme au niveau local, avec de nouveaux modes de participation collective aux décisions et de réappropriation de l'économie."

"Ce n'est pas parce que le XXe siècle a été marqué par des chocs violents et des échecs terribles qu'il ne faut pas reprendre cette page, presque blanche, du progrès."

Psychomédia avec sources: Thomas Piketty, École d'économie de Paris, Le Nouvel Observateur, Le Monde, Le Seuil
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