Le sommeil paradoxal joue un rôle essentiel dans la consolidation de la mémoire, montre une étude publiée dans la revue Science.

« Nous savions que toute nouvelle information était stockée dans différents types de mémoires — spatiale ou émotionnelle — avant d’être consolidée et intégrée », explique Sylvain Williams qui a mené cette étude avec ses collègues (1) des universités McGill (Québec, Canada) et de Berne (Suisse). Mais la façon dont le cerveau accomplissait cette tâche restait floue.

Des centaines d’études ont essayé, en vain, d’isoler l’activité neurale durant le sommeil paradoxal avec des méthodes expérimentales classiques. Dans cette étude, menée avec des souris,les chercheurs ont utilisé la technologie récente de l'optogénétique pour contrôler avec précision, au moyen d'un faisceau lumineux, les neurones qui régulent l’activité de l’hippocampe, une structure essentielle dans la formation de la mémoire lors de l’éveil.

Afin de tester la mémoire spatiale à long terme, les chercheurs ont entraînées les souris à reconnaître l'emplacement d'un nouvel objet. Grâce à des impulsions lumineuses, ils ont ensuite désactivé les neurones associés à la mémoire lors du sommeil paradoxal des rongeurs. Après cette nuit de sommeil « modifié », ceux-ci n’ont pas réussi l’exercice de mémoire spatiale relevé haut la main la veille. Comparativement au groupe témoin, leur mémoire semblait effacée ou du moins drastiquement diminuée. Aucun effet sur la mémoire n'était constaté si les mêmes neurones étaient mis « sous silence » en dehors des phases de sommeil paradoxal.

De plus en plus, une piètre qualité de sommeil est associée aux déclenchements de maladies cérébrales comme l'Alzheimer et le Parkinson, rapportent les chercheurs.

Dans le cas de la maladie d’Alzheimer, le sommeil paradoxal est souvent très perturbé. Les résultats de cette étude permettraient de penser que la perturbation du sommeil paradoxal pourrait contribuer aux troubles de mémoire de cette maladie, estiment-ils.

(1) Richard Boyce, Stephen D. Glasgow et Antoine Adamantidis

Psychomédia avec sources : Université McGill, Science.
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