Bien que des « neurobiologistes des plantes » soutiennent que celles-ci possèdent bon nombre des mêmes caractéristiques mentales que les animaux, comme la conscience, la cognition, l'intentionnalité, les émotions et la capacité de ressentir de la douleur, les preuves de ces capacités sont très problématiques, estiment le biologiste Lincoln Taiz de l'Université de Californie à Santa Cruz et ses collègues dans un article publié en juillet dans la revue Trends in Plant Science.

Les partisans de la conscience végétale passent sous silence le degré unique et remarquable de complexité structurelle, organisationnelle et fonctionnelle que le cerveau animal a dû atteindre par évolution avant que la conscience puisse émerger, disent-ils.

Leur argumentation se base sur les travaux récents du neuroscientifique Todd E. Feinberg et du biologiste de l'évolution Jon M. Mallatt portant sur les structures et fonctions cérébrales minimales requises pour que la conscience puisse émerger chez les animaux.

Feinberg et Mallatt ont conclu que seuls les vertébrés (incluant les poissons), les arthropodes (insectes, crabes...) et les céphalopodes (pieuvres, calmars...) possèdent la structure cérébrale qui constitue le seuil minimal rendant possible la conscience. (Pratique culinaire : crabes, homards et autres crustacés ressentent la douleur)

« S'il y a des animaux qui n'ont pas de conscience, alors vous pouvez être assez sûr que les plantes, qui n'ont même pas de neurones, et encore moins de cerveau, n'en ont pas non plus », souligne Lincoln Taiz.

La question de savoir si les plantes peuvent penser, apprendre et choisir intentionnellement leurs actions fait l'objet d'un débat depuis l'établissement de la neurobiologie végétale comme champ de recherche en 2006 (Plant neurobiology: an integrated view of plant signaling). Taiz a signé une lettre, en 2007, s'opposant à l'idée que les plantes aient une neurobiologie à étudier.

« Le plus grand danger de l'anthropomorphisation des plantes dans la recherche, c'est qu'elle sape l'objectivité du chercheur », explique-t-il.

« Ce qui est constaté, c'est que les plantes et les animaux ont développé des stratégies de vie très différentes. Le cerveau est un organe très coûteux, et il n'y a absolument aucun avantage à ce que la plante ait un système nerveux très développé. »

Les partisans de la neurobiologie végétale établissent des parallèles entre la signalisation électrique chez les plantes et le système nerveux des animaux.

« Les plantes utilisent les signaux électriques de deux façons : pour réguler la distribution des molécules chargées à travers les membranes et pour envoyer des messages à longue distance à travers l'organisme. Dans le premier cas, les feuilles d'une plante peuvent se recourber parce que le mouvement des ions entraîne le mouvement de l'eau hors des cellules, ce qui modifie leur forme ; et dans le second, une piqûre d'insecte sur une feuille peut déclencher des réactions de défense des feuilles éloignées. Ces deux actions peuvent paraître comme si une plante choisissait de réagir à un stimulus, mais Taiz et ses coauteurs soulignent que ces réponses sont génétiquement codées et ont été affinées par des générations de sélection naturelle. »

« Je me sens particulièrement responsable d'adopter une position publique parce que je suis coauteur d'un manuel de physiologie des plantes », dit Taiz. « Je sais que beaucoup de gens dans la communauté de la neurobiologie végétale aimeraient voir leur domaine dans les manuels, mais jusqu'ici, il y a trop de questions sans réponse. »

Une étude fréquemment citée sur l'apprentissage des plantes est l'accoutumance apparente de Mimosa pudica. Dans cette expérience, on laisse tomber une plante, et ses feuilles se recourbent en défense. Après plusieurs fois, sans que la plante ait subi de dommage sérieux, les feuilles cessent de se recourber. Quand la plante est ensuite secouée, les feuilles s'enroulent, ce qui exclut ostensiblement la fatigue motrice comme cause de l'absence de réponse à la chute.

« Les secousses étaient en fait assez violentes. Parce que le stimulus vibratoire était plus fort que celui de la chute, cela n'exclut pas définitivement l'adaptation sensorielle, laquelle n'implique pas un apprentissage », explique Taiz. « Des expériences connexes avec des pois prétendant montrer un conditionnement classique pavlovien sont également problématiques en raison du manque de contrôles suffisants. »

« Taiz et ses coauteurs espèrent que de nouvelles recherches permettront de répondre aux questions laissées sans réponses par les expériences actuelles de neurobiologie végétale en utilisant des conditions et des contrôles plus rigoureux. »

En attendant, ils considèrent que les plantes n'ont pas de conscience et n'en ont pas besoin.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Cell Press, Trends in Plant Science.
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