Le cabinet d'avocats Calex Legal (Montréal, Québec, Canada) demande à la Cour supérieure du Québec l'autorisation d'exercer une action collective contre le concepteur du jeu vidéo Fortnite : Battle Royale.

Le jeu, estiment les avocats Jean-Philippe Caron et Allessandra Esposito Chartrand, a été « sciemment » conçu pour créer une dépendance chez ses utilisateurs.

Le cabinet entend mener cette action de groupe au nom de toutes les personnes domiciliées au Québec qui, depuis septembre 2017, ont développé une dépendance après avoir joué à Fortnite Battle Royale.

C’est la première fois, à travers le monde, qu’Epic Games est visée par une action collective, rapporte le site Droit-Inc.

« Il y a une explication logique à ça. Il y a une clause dans les termes et conditions (du jeu) qui limite le droit d’exercer une action collective et qui est valide dans plusieurs juridictions, mais pas au Québec », a expliqué Me Caron.

Les avocats allèguent qu'Epic Games a omis et/ou négligé de divulguer aux utilisateurs les risques et dangers associés à l'utilisation de Fortnite, ce qui enfreint la Loi sur la protection du consommateur, rapporte Radio-Canada. De plus, estiment-ils, Epic Games porte atteinte intentionnellement et illicitement aux droits à la vie, à la sécurité et à l'intégrité des utilisateurs, contrevenant ainsi à la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.

Les représentants de la requête sont deux parents d'enfants âgés de 10 et 15 ans décrits comme hautement dépendants au jeu Fortnite. Les parents soutiennent que s'ils avaient su, ils auraient empêché les enfants de télécharger le jeu ou auraient surveillé de plus près leurs activités, rapporte Radio-Canada.

Fortnite compterait plus de 250 millions d'adeptes à travers le monde, selon Tim Sweeney, président directeur général d'Epic.

Le jeu, qui aurait généré des profits de plus de deux milliards de dollars, dispose d'un magasin virtuel facilement accessible aux enfants.

Les avocats réclament le remboursement de toutes les sommes versées à Epic pour l’achat d’accessoires pour jouer à Fortnite, en vertu de la Loi sur la protection du consommateur qui interdit la publicité destinée aux moins de 13 ans.

« C’est quand même assez spécial qu’un jeu gratuit soit le plus grand succès commercial de l’histoire du jeu vidéo ! », souligne Me Caron.

Pour développer la dépendance de ses utilisateurs, Epic Games a recouru aux mêmes tactiques que les créateurs de machines à sous, allèguent les avocats. Une de ces tactiques est de procurer aux joueurs des récompenses variables.

Les concepteurs, et parmi eux des psychologues, ont travaillé pendant quatre ans pour trouver la façon d’accrocher les joueurs, explique Alessandra Esposito Chartrand. Ils ont observé des joueurs cobayes, notant à quel moment ils décrochaient. Ils ont étudié le cerveau humain pour créer le jeu le plus accrocheur possible.

En 2018, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a introduit le diagnostic de trouble du jeu vidéo.

Il est décrit ainsi : sur une période d’au moins 12 mois, une personne présente un comportement qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité accrue accordée au jeu, au point que celui-ci prenne le pas sur d’autres centres d’intérêt et activités, et par la poursuite du jeu en dépit de répercussions dommageables. (Critères diagnostiques du « trouble du jeu vidéo »)

Pour plus d'informations sur le trouble du jeu vidéo et les jeux vidéo et la psychologie, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Radio-Canada, Droit-Inc.
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