Les animaux aussi ont des croyances, « bien qu'il soit plus difficile de le prouver qu'avec les humains ».

Les philosophes Tobias Starzak et Albert Newen de l'Institut de philosophie II de la Ruhr-Universität Bochum proposent une façon de comprendre et d'étudier les croyances chez les animaux.

Dans une analyse publiée en juin dans la revue Mind and Language, ils rejettent des arguments qui limitent trop, estiment-ils, la reconnaissance des croyances chez les animaux en estimant que ces arguments surintellectualisent la définition des croyances chez les humains et fixent ainsi la barre comparative à un niveau trop élevé.

Ils proposent quatre critères pour définir les croyances chez les animaux.

L'utilisation flexible des informations sur le monde

  1. Le premier critère d'existence des croyances est qu'un animal doit disposer d'informations sur le monde. Cependant, cela ne doit pas simplement entraîner une réaction automatique, comme lorsqu'une grenouille se jette instinctivement sur un insecte qui passe.

  2. L'animal doit plutôt être capable d'utiliser ces informations pour se comporter de manière flexible. C'est le cas lorsqu'une même information peut être combinée avec des motivations différentes pour produire des comportements différents », explique Albert Newen. « Par exemple, un animal qui utilise l'information selon laquelle il y a de la nourriture disponible à un moment dans le but de la manger ou de la cacher ».

Les liens entre les informations

  1. Le troisième critère indique que l'information est structurée dans une croyance de sorte que des aspects individuels de cette information peuvent être traités séparément. Cela est apparu, par exemple, dans des expériences avec des rats qui peuvent apprendre qu'un certain type de nourriture peut être trouvé à un certain moment dans un certain endroit. Leurs connaissances ont une structure quoi-où-quand.

  2. Quatrièmement, les animaux ayant des croyances doivent être capables de recombiner les éléments d'information de manière inédite. Cette croyance réassemblée devrait ensuite conduire à un comportement flexible. Les rats peuvent également le faire, comme l'a démontré le chercheur américain Jonathan Crystal lors d'expériences menées dans un labyrinthe à huit bras. Les animaux ont appris que s'ils recevaient une nourriture normale dans le bras trois du labyrinthe le matin, on pouvait trouver du chocolat dans le bras sept à midi.

Les auteurs citent également les corbeaux et les geais de broussailles comme exemples d'animaux ayant des croyances.

Le chercheur britannique Nicola Clayton a mené des expériences concluantes sur les geais de broussailles. Lorsqu'ils ont faim, ils ont d'abord tendance à manger la nourriture. Lorsqu'ils n'ont pas faim, ils cachent systématiquement les restes. Ce faisant, ils enregistrent quelle nourriture, ver ou arachide, ils ont cachée où et quand. S'ils ont faim dans les heures qui suivent, ils cherchent d'abord les vers qu'ils préfèrent. Une fois que les vers deviennent immangeables, ils se dirigent vers les cachettes de cacahuètes.

« Ce qui explique le mieux ce changement de comportement, c'est la croyance des oiseaux que les vers sont gâtés et leurs croyances sur l'emplacement des autres aliments », souligne Tobias Starzak. Les animaux réagissent également avec flexibilité dans d'autres situations, par exemple s'ils remarquent qu'ils sont observés par leurs rivaux pendant qu'ils cachent leur nourriture, ils la cachent à nouveau plus tard.

Un comportement flexible, qui peut être interprété comme étant causé par des croyances, a également été démontré chez les rats, les chimpanzés et les chiens border collies.

« Mais probablement que beaucoup plus d'espèces ont des croyances », suppose Albert Newen.

Pour plus d'informations sur l'intelligence des animaux, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Ruhr-University Bochum, Mind and Language.
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