« Pour remplacer momentanément la fonction du cœur, le SAMU de Lyon peut maintenant poser une circulation extracorporelle (CEC) directement sur les lieux de l’arrêt cardiaque », rapporte un communiqué des Hospices Civils de Lyon.

« Après le Samu de Paris en 2011, l’unité lyonnaise est la deuxième équipe française à se doter de cette technique. Lille devrait suivre à la rentrée prochaine », précise Le Figaro.

« La circulation extracorporelle reste une technique d’exception pour certains arrêts cardiaques extrahospitaliers ayant un pronostic neurologique favorable », est-il souligné.

Le communiqué des Hospices Civils de Lyon explique :

« L’ECMO (Extra Corporeal Membrane Oxygénation) veino-artérielle est une technique de circulation extracorporelle (CEC) qui détourne la circulation sanguine grâce à une machine assurant à la fois le rôle de pompe cardiaque et d’oxygénateur pulmonaire.

Elle a longtemps été réservée aux blocs de chirurgie cardiaque pour assurer l’oxygénation du cerveau pendant les opérations dites “à cœur ouvert” alors que le cœur est momentanément arrêté le temps de l’intervention. »

« En quinze à vingt-cinq minutes, nous sommes capables de transformer un salon, un coin de trottoir ou un magasin en bloc opératoire et installer la circulation extracorporelle », explique le Dr Pierre-Yves Dubien, coresponsable du Samu de Lyon, relayé par Le Figaro.

Cinq médecins de son service, dont lui-même, ont été formés durant deux ans à cette technique, précise le quotidien.

« Ils ont appris à introduire des canules dans la veine et l’artère fémorales au niveau du pli de l’aine. “La canule qui passe dans la veine remonte jusqu’à l’oreillette droite du cœur pour prélever le sang et le transporter à la machine pour qu’il soit oxygéné. L’autre placée dans l’artère remonte dans l’aorte pour réinjecter le sang”, décrit le Dr Dubien, qui précise que l’intervention est pratiquée dans les mêmes conditions d’asepsie que dans un bloc opératoire. »

Au début des années 2000, explique le communiqué, « des équipes chirurgicales commencent à l’utiliser pour traiter des arrêts cardiaques intra hospitaliers réfractaires à la réanimation cardio-pulmonaire “classique” survenus au décours de la chirurgie cardiaque, et de façon plus anecdotique des arrêts cardiaques en hypothermie profonde ».

« Les premiers résultats encourageants en terme de survie sans séquelle neurologique (20-40 %) conduisent à élargir les indications aux arrêts cardiaques extra hospitaliers.

Les patients sont alors transportés sous massage cardiaque externe automatisé directement au bloc opératoire pour qu’un chirurgien cardiaque implante cette circulation extracorporelle. Mais les résultats de cette stratégie thérapeutique sont décevants avec une survie sans séquelle neurologique qui n’excède pas 5 %. Ils s’expliquent en partie par les délais de transport relativement longs qui retardent d’autant le démarrage de la CEC, en moyenne 50 mn sur Paris.

Le délai de mise sous CEC après l’arrêt cardiaque est un élément déterminant du pronostic neurologique, l’objectif visé étant de redémarrer une circulation si possible dans les 60 mn. En 2012, des équipes du SAMU de Paris se forment à la technique pour mettre en place la CEC directement sur les lieux de l’arrêt cardiaque. Sur une population d’arrêts cardiaques sélectionnés comme étant potentiellement de bon pronostic neurologique, les résultats sont désormais au rendez-vous avec une survie sans séquelle de 35 %.

Après le SAMU de Paris, des urgentistes du SAMU de Lyon, formés depuis 2 ans à la technique, sont désormais opérationnels depuis septembre 2017. »

Le communiqué rapporte l'exemple de Béatrice, 49 ans :

« Béatrice a présenté chez elle un infarctus du myocarde. Elle a appelé le SAMU en composant le 15, et devant la forte suspicion du diagnostic, le médecin régulateur a déclenché simultanément l’envoi du SMUR et des sapeurs-pompiers. Son infarctus s’est rapidement compliqué d’un arrêt cardiaque et les pompiers sur place ont démarré immédiatement un massage cardiaque externe de qualité, puis elle a bénéficié, à l’arrivée du SMUR, d’une réanimation cardiopulmonaire spécialisée associant défibrillation, poursuite du massage, injections d’adrénaline… malheureusement sans succès.

Comme les critères d’un pronostic neurologique favorable étaient réunis, le SAMU a pu activer sa nouvelle arme en envoyant sur place une 2e équipe pour poser la CEC au chevet de la patiente. Une fois conditionnée, elle a pu être transportée sous circulation extracorporelle à l’Hôpital de la Croix Rousse pour que la cause de son infarctus, l’occlusion d’une artère coronaire, soit dans un 1er temps traitée au cours d’une coronographie. Elle sera ensuite hospitalisée en réanimation où elle se réveillera de son coma 3 jours plus tard. A ce jour, son cœur fonctionne à nouveau seul et normalement, et elle ne présente aucune séquelle neurologique. »

« Sur la région lyonnaise, une trentaine de patients pourraient en bénéficier par an, ce qui devrait permettre de sauver une dizaine de vies supplémentaires. »

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Psychomédia avec sources : Hospices Civils de Lyon, Le Figaro.
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