Le firibastat, premier médicament d'une nouvelle classe pour le traitement de l'hypertension, a été testé dans un essai de phase IIa par des chercheurs français de l'Inserm. Les résultats sont publiés dans The Journal of Hypertension.

L’hypertension, lorsqu’elle n’est pas contrôlée, constitue « l’une des principales causes de complications cardiovasculaires, cérébrovasculaires ou neurodégénératives (infarctus du myocarde, AVC, maladie d’Alzheimer…) », soulignent les auteurs.

« Des mesures hygiéno-diététiques seules, ou le plus souvent associées à un traitement médicamenteux, permettent de normaliser la pression artérielle. Néanmoins, jusque 30 % des patients ne répondent pas, ou insuffisamment, aux traitements actuellement disponibles. »

Le firibastat est le premier d’une nouvelle classe, celle des inhibiteurs de l'aminopeptidase A cérébrale (brain aminopeptidase A inhibitor - BAPAI), « qui cible le système rénine-angiotensine cérébral contrôlé par l’angiotensine III ».

L'angiotensine III « exerce un effet stimulateur sur la pression artérielle via trois mécanismes. Elle accroit l’activité des neurones qui favorisent la vasoconstriction, elle inhibe le réflexe qui permet d’adapter l’intensité des contractions cardiaques au niveau de la pression artérielle et enfin, elle contribue à la sécrétion accrue de vasopressine, hormone anti-diurétique, dans le sang, réduisant le volume d’urine produit au niveau des reins.

Le firibastat s’oppose à tous ces mécanismes en inhibant spécifiquement l’aminopeptidase A, une enzyme présente dans le cerveau qui produit l’angiotensine III. Ce médicament, pris par voie orale, devient actif dans le cerveau après avoir franchi la barrière hémato-encéphalique. »

Cette étude, coordonnée par Michel Azizi et Catherine Llorens-Cortes de l'Inserm, a inclus 34 patients, ayant une pression artérielle ambulatoire diurne comprise entre 135/85 mmHg et 170/105 mmHg, dont la moitié a reçu le firibastat pendant quatre semaines puis le placebo pendant quatre autres semaines et l’autre moitié a reçu le traitement dans l’ordre inverse.

« Les résultats attestent d’un meilleur contrôle de la pression artérielle systolique (PAS) sous firibastat après quatre semaines avec une baisse de 4,7 mmHg en moyenne contre +0,1 mmHg sous placebo. Néanmoins cette différence n’est pas statistiquement significative. »

« Cela peut s’expliquer par la taille réduite de l’effectif mais aussi par le fait que les patients inclus avaient une hypertension artérielle modérée », explique Catherine Llorens-Cortes, directrice de recherche Inserm.

« Le firibastat est un agent anti-hypertenseur et non un hypotenseur ce qui signifie qu’il peut agir sur une hypertension mais n’aura aucun effet sur une tension normale. “Son efficacité devrait donc s’accroitre avec la sévérité de l’hypertension”, clarifie la chercheuse. Ce qui semble se confirmer d’ailleurs dans cet essai car la baisse de la PAS ambulatoire a atteint -9,4 mmHg en cas de fortes hypertensions au moment de l’inclusion alors que le bénéfice était moins marqué pour des PAS basales plus faibles.

Les auteurs ont par ailleurs vérifié la tolérance à ce médicament et constaté qu’il n’interférait pas avec le système rénine-angiotensine systémique, contrôlé lui par l’angiotensine II. »

« Ces résultats encourageants ont donné le feu vert à l’étude de phase IIb qui vient de s’achever aux Etats-Unis. Elle a confirmé l’efficacité du firibrastat chez 254 patients hypertendus en surpoids à haut risque cardiovasculaire après deux mois de traitement, y compris chez les patients afro-américains qui ont le plus souvent une hypertension résistante aux traitements actuellement disponibles », précise Catherine Llorens Cortes.

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Psychomédia avec sources : Inserm, The Journal of Hypertension.
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