Selon les chercheurs canadiens en psychologie Paul Hewitt et Gordon Flett, la personnalité est la clé de plusieurs problèmes de santé découlant du stress. Le perfectionnisme est l'un des traits de personnalité qui rend moins apte à composer ave le stress et rend très vulnérable.

En plus de 20 ans de recherche, ces chercheurs ont observé que les perfectionnistes sont sous un stress constant qui les rend plus sujets à des problèmes émotionnels, physiques et relationnels incluant la dépression, les troubles alimentaires, le syndrome de douleur chronique, les conflits conjugaux et même le suicide.

Le perfectionnisme est le besoin d'être, ou de sembler, parfait. Les perfectionnistes sont persévérants, minutieux et organisés. Ils entretiennent non seulement des normes irréalistes mais ont tendance à se juger et juger leur entourage comme échouant à les atteindre.

Avoir des normes élevées ne suffit pas en soi à définir le perfectionnisme. Quelqu'un peut vouloir exceller dans un domaine sans vouloir être parfait et sans vivre le stress et la détresse souvent vécus par les perfectionnistes.

Le perfectionnisme n'est pas reconnu comme un trouble psychiatrique. Cependant, selon Gordon, les formes extrêmes de perfectionnisme peuvent être considérés comme une maladie similaire à la personnalité narcissique, obsessionnelle compulsive et/ou dépendante en raison de ses liens avec la détresse et la dysfonction.

Types de perfectionnisme

Les chercheurs identifient trois types de perfectionnisme: - celui orienté vers soi qui consiste à se demander la perfection à soi-même ; - celui orienté vers les autres qui consiste à demander la perfection aux autres; - et celui prescrit socialement qui consiste à croire que les autres attendent la perfection de soi et qu'on va être valorisé à la seule condition d'être parfait. Chez une même personne, une combinaison de ces trois formes est souvent présente.

Le perfectionnisme prescrit socialement est particulièrement relié à la dépression et d'autres problèmes incluant le suicide. Probablement, croient les chercheurs, parce qu'il comporte un élément de pression combiné avec un sentiment d'impuissance. Dans ce type de perfectionnisme, les gens ont tendance à avoir le croyance "plus je performe, plus on attend de moi".

Il y a aussi des problèmes évidents avec le perfectionnisme orienté vers les autres qui peut être particulièrement dommageable pour les relations intimes.

Pour le perfectionnisme orienté vers soi, le tableau est moins clair. Certaines études ont montré une corrélation avec des problèmes de santé mentale, particulièrement l'anorexie. D'autres études n'ont cependant trouvé aucune corrélation.

Hewitt et Flett suggèrent que ce serait parce que le perfectionnisme orienté vers soi, serait un facteur de risque ou de vulnérabilité et non une pathologie en soi. Les perfectionnistes orientés vers soi, fonctionnent bien dans des situations à faible stress, argumentent-ils, mais ils sont plus à risque de devenir déprimés, anxieux ou suicidaires si les choses vont mal. Ainsi selon eux, ce type de perfectionnisme, que certains considèrent adaptatif car il conduit à la performance, s'avérerait néfaste quand les gens font face aux stress de la vie.

Une récente étude rapportée dans le Journal of Counseling Psychology supporte cette hypothèse du perfectionnisme orienté vers soi comme étant un facteur de risque seulement. Elle montre que la détresse d'étudiants de niveau collégial peut être prédite par l'interaction entre perfectionnisme et évitement (composer avec les problèmes en les évitant) mais n'est pas associée au perfectionnisme seul ou à l'évitement seul. Les perfectionnistes qui ont des stratégies positives pour faire face aux problèmes n'étaient pas plus déprimés que la moyenne des étudiants. Ce qui supporte l'idée que ce type de perfectionnisme interagit avec d'autres traits de personnalité pour conduire à la psychopathologie.

Image de la perfection

Le désir de se présenter comme parfait a aussi des conséquences importantes pour la santé mentale. Certains ont plus tendance à vanter leur propre perfection (ce qui est souvent très irritant pour l'entourage), d'autres ont plus tendance à éviter les situations dans lesquelles ils peuvent apparaître imparfaits, enfin ils ont souvent tendance à garder leurs problèmes pour eux, évitant de révéler les situations dans lesquelles ils pensent apparaître imparfaits.

Difficulté à changer

Il est difficile selon Hewitt de poursuivre une psychothérapie avec les perfectionnistes, car cela leur demande de faire ce qu'ils essaient de ne pas faire, considérer qu'ils ne sont pas parfaits. Il est souvent difficile de changer aussi parce que les mêmes comportements qui peuvent être nuisibles pour la santé apportent aussi de grandes récompenses car ils peuvent conduire à des accomplissements dans la vie et au travail.

Origine du perfectionnisme

Le perfectionnisme se développe habituellement dans l'enfance et peut être un mode d'être qui dure toute la vie. Une étude de Gordon montre par exemple que des enfants perfectionnistes de quatre et cinq ans réagissent avec une certaine détresse (anxiété et colère) devant l'échec à une tâche.

Souvent, ce trait de personnalité vient du fait d'avoir eu un parent perfectionniste avec des attentes élevées pour soi-même et pour les autres. Pour les jeunes d'aujourd'hui, l'influence culturelle est importante. Nous sommes bombardés d'images de personnes idéales que ce soit au niveau de l'apparence ou au niveau des comportements.

Psychomédia avec sources: Monitor, News-Medical.Net