Selon des chiffres de la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ), 39 % des prescriptions de Ritalin sont destinées à des adultes, rapporte la journaliste Isabelle Paré dans Le Devoir. Cette proportion était d'environ 10 % il y a 20 ans.

Face à cette explosion de diagnostics de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez les adultes, les chercheurs Joel Paris et Brett Thombs de l’Université McGill mettent en garde contre une tendance au surdiagnostic.

« Le surdiagnostic est un phénomène nouveau, qui touche aussi d’autres champs de la médecine, et il semble que ce soit le cas avec le déficit de l’attention chez l’adulte, pour toutes sortes de raisons sociales et culturelles », a expliqué en entrevue le Dr Thombs.

La montée en flèche de diagnostics du TDAH, dont la réelle prévalence chez l'adulte est estimée à 4 %, pourrait s’expliquer en partie par le caractère trop vague des critères diagnostiques du DSM-5, la dernière édition du DSM (Manuel diagnostique des troubles mentaux).

Plusieurs personnes affectées par un manque de concentration ou une désorganisation souffrent en fait d’autres conditions comme la dépression, l’anxiété ou un trouble bipolaire, qui peuvent présenter des symptômes apparentés. Il y a aussi des conditions qui ne sont pas pathologiques et ne requièrent pas une médication, explique-t-il.

D’autres facteurs sociaux entrent en jeu, ajoute-t-il, notamment l’important lobby exercé par les compagnies pharmaceutiques, l’influence des informations circulant sur Internet, la pression sociale et la perception des patients face à leur propre performance.

Le surdiagnostic, qui se traduit par une médication non nécessaire, n’est pas anodin, souligne le médecin, puisque les psychostimulants peuvent notamment entraîner des problèmes d’hypertension, d’arythmie et dans certains cas, des pensées suicidaires.

Le déficit de l’attention dépisté à l’âge adulte trouve ses sources dans un déficit déjà existant dans l’enfance. Or, selon les données récentes, la moitié des enfants souffrant d’un TDAH n’auront plus de symptômes à l’âge adulte.

Dans un rapport publié en mars dernier, rapporte la journaliste, le commissaire à la santé, Robert Salois, a sonné l’alarme face à la consommation de psychostimulants chez les jeunes Québécois, deux fois plus élevée que dans le reste du Canada. Le Collège des médecins a indiqué que ses lignes directrices sur le diagnostic du TDAH seront revues.

Psychomédia avec source : Le Devoir.
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