Les pays de la branche européenne de l'OMS ont signé, lors d'une recontre de 2 jours à Istanbul la semaine passée, une charte contre l'obésité. Par cette Charte, les quarante-huit pays européens membres s'engagent à faire de l'obésité l'une des priorités de leur programme politique.
Toute l'Europe sans exception est confrontée depuis 10-15 ans à une augmentation linéaire du poids, du surpoids et de l'obésité, des enfants, des adolescents et des adultes.

Cette obésité a des conséquences sanitaires graves, comme la recrudescence du diabète (y compris juvénile), des maladies cardio-vasculaires, de l'arthrose. Et les déterminants de cette situation sont similaires partout : la part de marché croissante de produits alimentaires à faible coût mais fortement calorique (en 1900, 5 kg de sucre par an et par habitant contre 40 à 60 kg par an et habitant en l'an 2000 en moyenne en Europe). Dernier facteur : la chute récente de la dépense physique, du fait des déplacements (motorisés), du travail (sur ordinateur), des loisirs (télévision).

Aujourd'hui, selon les pays, entre 32 et 79 % des hommes adultes et entre 28 et 78 % des femmes souffrent de surpoids ou d'obésité en Europe. La France se situe à un niveau plutôt moyen, avec 49 % des hommes et 35 % des femmes concernés. La situation des enfants est préoccupante, avec des taux élevés de surpoids au Portugal (32 % des enfants de 7 à 9 ans), en Espagne, en Italie, en Grande-Bretagne, en France (18 %).

La charte n'est pas coercitive. C'est néanmoins un engagement qui soutient pour la première fois officiellement que la question de l'obésité n'est pas du ressort seulement de la responsabilité individuelle, mais aussi collective : « Tenir les individus seuls comptables de leur obésité n'est aujourd'hui plus acceptable », peut-on lire en préambule de ce travail.

Cette charte propose des actions que chaque pays peut mener comme, par exemple : « La réduction de la pression du marketing pour les aliments destinés aux enfants ; l'amélioration de la distribution des fruits et des légumes ; des mesures économiques favorables à une alimentation saine ; l'aide à la pratique d'exercice physique pour les groupes les moins favorisés ; la réduction du contenu en graisses, sucres et sel dans les produits manufacturés ; la promotion de la marche à pieds ou de la bicyclette par une politique de transports adaptés ; la diffusion large de guide sur la nutrition et l'exercice physique... »

« Une législation isolée ou une campagne de communication ponctuelle n'a aucune chance d'avoir un impact, explique le docteur Marc Danzon, directeur du bureau Europe de l'OMS. Tous les secteurs de la société doivent se coordonner, éducation nationale, finances, transports, agriculture. Certes, cette charte dérange certains acteurs de l'agroalimentaire, mais, au bout du compte, c'est le citoyen qui doit être le bénéficiaire. Pour l'instant, nous proposons des axes d'organisation. Mais, progressivement, il y aura sans doute des débats pour une réglementation plus forte... »

Parmi les expériences nationales échangées lors des débats à Istanbul, notons l'effort des Norvégiens qui ont inventé l'ordon­nance verte : le médecin ne prescrit pas de médicaments inutiles, mais dispose d'un ordonnancier spécifique où il inscrit les exercices physiques nécessaires. Les Pays-Bas, eux, ont entre autres lancé un plan national pour relancer la pratique de la danse. L'Italie s'est engagée dans des programmes éducatifs pour transmettre son patrimoine culinaire traditionnel...

Ni le ministre de la Santé français , ni le directeur général de la Santé, n'étaient présents à cette rencontre.

Source: Le Figaro, 17 novembre 2006.

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