Dès sa toute première administration, la L-Dopa (ou lévodopa), précurseur de la dopamine (1), qui est le traitement le plus fréquemment utilisé pour la maladie de Parkinson, induit des modifications cérébrales irréversibles, selon des chercheurs du laboratoire "Mouvement, adaptation, cognition" (CNRS / Université Bordeaux 1 et 2) coordonnés par Erwan Bézard (Inserm).

Ces travaux, publiés le 13 février dans Plos One, ouvrent la voie vers de nouvelles cibles thérapeutiques qui permettraient de continuer à utiliser la L-Dopa, tout en évitant l'apparition de ses effets secondaires.

Le syndrome parkinsonien est une affection neuro-dégénérative liée à la disparition lente et progressive des neurones produisant la dopamine. La diminution de dopamine qui en résulte est à l'origine des symptômes, notamment moteurs, de la maladie. La L-Dopa vise à compenser le manque en dopamine. Elle intervient également sur d'autres neurotransmetteurs tels que la noradrénaline et la sérotonine qui sont aussi affectés par la maladie.

Mais ce traitement a des effets secondaires importants, dont les dyskinésies (mouvements incontrôlés et involontaires) (2). Les patients ainsi traités voient donc disparaître leurs symptômes parkinsoniens mais connaissent de plus en plus de difficultés à rester debout voire même assis.

Le groupe de recherche, en collaboration avec des chercheurs suédois et anglais, s’est alors penché sur les événements responsables du passage d’une réponse “correcte“ à la L-Dopa (correction des troubles moteurs parkinsoniens) à une réponse “incorrecte”, à savoir l’apparition de troubles secondaires indésirables.

Malgré une réponse normale du cerveau à une première administration de L-Dopa, les chercheurs ont démontré qu’une heure après la première absorption de ce médicament par des primates, des transformations irrémédiables s’étaient déjà opérées au niveau de la machinerie « protéique » cérébrale.

Sachant qu’après 4 à 5 mois de traitement, seule une partie de la population animale éveloppe des effets secondaires (dyskinésies), les chercheurs ont identifié les protéines distinguant ces deux populations. Ce résultat important leur permet de sélectionner un certain nombre de cibles thérapeutiques potentielles.

(1) La dopamine est un neurotransmetteur intervenant notamment dans le plaisir, la motivation, la motricité et les addictions.

(2) La dopamine n'affectant pas seulement la motricité mais également le plaisir et la motivation, d'autres effets secondaires sont aussi observés tels que le développement d'addictions comme le gambling qui proviendrait d'un sur-apprentissage à partir de conséquences positives et d'un sous-apprentissage à partir de conséquences négatives. Voir liens plus bas.

Psychomédia avec source: CNRS.
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