La démarche de Chantal Sébire (1) qui a réclamé le droit de se procurer un produit létal pour abréger ses souffrances, amène une recrudescence d'appels à l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD).

L'association milite depuis près de trente ans pour la légalisation d'une aide active à mourir en France. Elle compte 44000 adhérents, un chiffre qui a doublé en cinq ans.
Elle a été créée en 1980 par l'écrivain Michel Lee Landa, après la publication, dans Le Monde en novembre 1979, d'une tribune intitulée "Un droit", dans lequel il revendiquait "la liberté de mourir dignement, à son heure, selon son style".

L'association qui a connu diverses difficultés à travers les années, opère une véritable mue, avec l'arrivée d'un nouveau président, Jean-Luc Romero, en juillet 2007, rapporte le journal Le Monde.

L'association doit d'abord clarifier sa position sur l'aide active à mourir. "L'ADMD a toujours été traversée par un débat de fond, explique Gilles Antonowicz, son vice-président, qui est l'avocat de Mme Sébire. Il y a ceux qui plaident pour une législation à la belge ou à la hollandaise, avec une aide active à mourir réservée aux malades en situation d'incurabilité, et encadrée par les médecins. Et il y a ceux qui prônent le droit au suicide assisté, quand je veux et où je veux, au nom de la liberté de disposer de son propre corps." "Les premiers représentent 95 % du conseil d'administration, les autres sont clairement minoritaires", assure Me Antonowicz."

"Cela peut paraître paradoxal, mais nous sommes les meilleurs défenseurs de la loi Leonetti (2) sur la fin de vie, qu'on s'emploie à faire connaître", assure Philippe Lohéac, responsable de la communication.

A la tête de la commission médicale de l'ADMD, le docteur Claudine Lassen, anesthésiste-réanimateur à la retraite, est ainsi consulté plusieurs fois par mois pour résoudre des difficultés dues à de "mauvaises prises en charge hospitalières". "Souvent, ce sont des proches de personnes en fin de vie, qui n'arrivent pas à faire valoir leur refus de l'acharnement thérapeutique, dit-elle. Je leur conseille de présenter le texte de la loi Leonetti aux équipes soignantes, cela suffit souvent à débloquer les choses."

Reste les personnes qui s'adressent à l'association dans le but explicite de mourir. "Ce sont soit des personnes très âgées, avec plusieurs handicaps, qui sont à domicile et veulent "mourir debout", soit des personnes atteintes de cancer en phase terminale ou de maladie neurodégénérative", explique le docteur Lassen. Dans les deux cas, l'écoute offerte par l'association dissuade souvent les personnes d'aller plus loin.

"Pour ceux dont la demande est claire et réitérée, et qui sont très déterminés", l'ADMD renvoie sur la Suisse, seul pays à autoriser le suicide assisté aux étrangers."

(1) Chantal Sébire, 52 ans, mère de trois enfants, atteinte d’un «esthésioneuroblastome», une maladie incurable qui l’a défigurée et rendue presque aveugle, a récemment fait une demande d’euthanasie active qui a été rejetée par le tribunal de grande instance de Dijon. La balle est dans le camp du législateur. Mais, rapportait Libération, tant Rachida Dati, garde des Sceaux, que l’entourage de Nicolas Sarkozy ont indiqué qu’une réforme de la loi Léonetti n’était, pour l’heure, pas envisagée.

(2) La loi Léonetti votée au printemps 2005 permet l'arrêt des traitements mais pas l'aide directe à mourir.


PsychoMédia avec sources:
Le Monde
Libération

Pour vous exprimer sur ce sujet, visitez nos FORUMS Actualités.