Des niveaux sanguins de plomb relativement bas dans l'enfance endommagent le cerveau de façon permanente et sont liés à une plus grande incidence de comportements criminels violents à l'âge adulte. Des études antérieures suggéraient ce lien entre niveaux de plomb et comportements criminels sans que la démonstration soit aussi claire.

Des chercheurs de l'Université de Cincinnati ont mesuré les niveaux de plomb dans le sang avant la naissance et jusqu'à l'âge de sept ans et, par la suite, étudié les liens entre les niveaux de plomb dans l'enfance et les dossiers d'arrestation ainsi que la taille du cerveau au début de l'âge adulte.

L'exposition au plomb n'est pas un problème du passé mais continue d'être un problème. À travers les États-Unis, on estime que 310.000 enfants entre 1 et 5 ans ont des niveaux sanguins de plomb au-dessus de la norme fédérale de 10 microgrammes par décilitre. Et des experts croient que beaucoup plus d'enfants ont des niveaux plus bas qui sont tout de même dangereux (1). (En France, l'exposition au plomb est également un problème toujours actuel.)

Bien que certains sols soient encore contaminés par du plomb provenant de gazoline, 80% de l'exposition vient des vieilles maisons construites avant 1978. Leur peinture peut contenir jusqu'à 50% de plomb. Même quand elle est couverte par de la peinture plus récente sans plomb, elle continue de s'écailler.

Environ 40% des logements du pays contiennent encore de la peinture au plomb, selon le selon le Département américain du logement et du développement urbain.

Les chercheurs savent depuis longtemps que l'exposition au plomb réduit le quotient intellectuel (QI) en endommageant les cellules du cerveau durant les premières années. Il est aussi connu que le plomb rend les enfants plus distraits, impulsifs et agités et diminue leur capacité d'attention.

Kim N. Dietrich et ses collègues de l'Université de Cincinnati ont réalisé cette recherche avec 250 enfants nés dans cette ville entre 1979 et 1984. 55% d'entre eux (63% des hommes) ont été arrêtés entre les âges de 18 et 24 ans, avec une moyenne de 5 arrestations.

Plus les taux sanguins de plomb dans l'enfance étaient élevés, plus la probabilité d'arrestation était grande. L'association était plus grande avec les crimes violents - meurtre, viol, violence domestique, assaut, vol qualifié et possession d'armes -, dit Dietrich.

Les taux sanguins de plomb variaient entre 4 et 37 microgrammes par décilitre. Chaque augmentation de 5 microgrammes à l'âge de 6 ans était accompagnée d'une augmentation de 50% de l'incidence de crime violent plus tard dans la vie. L'effet du plomb était plus important chez les hommes qui avaient un taux d'arrestation 4 1/2 fois plus élevé que les femmes.

Dans une recherche connexe, Kim M. Cecil et ses collègues ont fait passé des scans du cerveau à un échantillon représentatif de 157 membres du même groupe. Ils ont constaté que ceux qui avaient les niveaux les plus élevés de plomb dans le sang durant l'enfance avaient des cerveaux de plus petit volume.

Les régions du cerveau les plus affectées étaient celles impliquées dans la prise de décision, le contrôle des impulsions, l'attention, la détection des erreurs, l'exécution de tâches et la prise de décision basée sur la récompense.

Ces études sont publiés dans le journal PLoS Medicine.

(1) Une recherche de l'Université Cornell publiée dans la revue Environmental Health Perspectives en novembre dernier montrait que le quotient intellectuel (QI) des enfants ayant des niveaux entre 5 et 10 mcg par dl était affecté (voir lien plus bas).

Psychomédia avec source:
Los Angeles Times