Une mutation génétique liée à une forme courante de migraine, celle dite classique ou avec aura, dont souffrent 25 % des migraineux, a été découverte par des chercheurs canadiens et britanniques. Dans ce type de migraine, la céphalée est précédée de symptômes tels que la perception de points lumineux ou de taches noires ou encore des picotements dans les membres.

La mutation inhibe la fonction d'une protéine (TRESK) qui joue un rôle essentiel dans la communication entre les cellules nerveuses en régulant l'excitabilité de ces dernières. Cette altération de l'activité électrique déclencherait les crises migraineuses. "Sous l'effet d'une membrane plus susceptible à l'excitation, les neurones commencent à s'activer sans avoir le stimulus nécessaire pour bloquer la cascade qui survient", indiquent les chercheurs.

Guy Rouleau et Ron Lafrenière de l'Université de Montréal en collaboration avec Zameel Cader de l'Université d'Oxford ont découvert cette mutation génétique en comparant des gènes s'exprimant dans le cerveau chez 110 hommes et femmes souffrant de migraines avec ceux de personnes non migraineuses.

Une mutation du gène KCNK 18 a été repérée chez une femme souffrant de migraines avec aura. Les chercheurs ont par la suite confirmé leurs résultats auprès des membres de la famille de cette dame. Tous ceux qui étaient sujets à ce type de céphalées étaient porteurs de la mutation.

L'étude de l'expression du gène dans différents tissus chez la souris et l'être humain a ensuite montré la présence de la protéine TRESK dans certaines structures neuronales associées aux migraines et à la douleur.

Ces résultats vont permettre d'explorer de nouvelles pistes thérapeutiques. La stimulation pharmacologique de l'activité de la protéine TRESK pourrait contribuer à réduire la fréquence ou la violence des épisodes migraineux, quelle que soit leur origine», indique le Dr. Rouleau.

À l'heure actuelle, il y a trois grandes familles de médicaments pour le traitement de la migraine: les anti-inflammatoires comme Advil et Aspirine, les ergotamines qui agissent sur les vaisseaux sanguins et, les triptanes qui ont pour effet de réguler le système sérotoninergique. Ces traitements ne sont toutefois pas efficaces chez toutes les personnes qui souffrent de migraine.

Cette étude a bénéficié de subventions de Génome Canada, de Génome Québec, de la firme Emerillon et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

Des mutations génétiques liées à la migraine ont auparavant été mises au jour, mais pour des formes rares de la maladie seulement. Ce mois-ci, une étude européenne de grande envergure, publiée dans la revue Nature Genetics, a également identifié une mutation génétique liée à la migraine courante.

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Université de Montréal (UdMNouvelles)
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