Dans un nouvel avis, rendu mercredi 30 novembre, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) maintient la position qu'elle avait émise en septembre 2010 selon laquelle il n'y a pas lieu de préconiser des mesures particulières pour réduire l'exposition au bisphénol A (BPA).

Elle s'oppose ainsi à la position de son homologue française l'Agence de sécurité sanitaire française (Anses).

Mardi, rapporte Le Monde, un groupe de 32 chercheurs américains ont adressé à l'Anses un texte de soutien: "En particulier, nous applaudissons l'utilisation de toute la science disponible pour évaluer les risques potentiels posés par l'exposition à de faibles doses de BPA", indiquaient-ils.

Il est en effet reproché à l'EFSA d'utiliser une science désuète, comme l'explique le Réseau Environnement Santé (RES):

"Il est parfaitement absurde de voir l’EFSA avancer comme argument que l’on ne peut tenir compte des études épidémiologiques pour fixer des DJA (doses journalières admissibles). C’est évidemment l’inverse qui est vrai : ces études épidémiologiques montrent que l’on observe des effets sur la santé, au niveau d’imprégnation de la population humaine en général ce qui est la preuve que l’actuelle DJA ne protège pas la population", peut-on lire dans un communiqué du RES."

Ces études, explique le RES, "confirment le changement de paradigme des perturbateurs endocriniens, à savoir que c’est « la période qui fait le poison » alors que l’EFSA s’accroche à l’ancien modèle selon lequel « c’est la dose qui fait le poison ». L’ANSES a fait le choix de la toxicologie du 21 ème siècle, alors que l’EFSA en reste à la toxicologie des années 60 » résume André Cicolella (président du RES). En niant la réalité des données scientifiques, pour ne retenir que 2 études publiées par l’industrie chimique selon un protocole obsolète, l’EFSA se comporte comme une officine de l’industrie."

11 membres sur 20 du comité qui a statué sur le BPA sont d'ailleurs en situation de conflits d’intérêts, précise le RES.

"Il y a dans l'avis de l'EFSA des affirmations tellement fausses que cela en est à la fois perturbant et embarrassant", estime Frederick vom Saal (université du Missouri, États-Unis) que rapporte Le Monde. "L'affirmation selon laquelle le BPA serait rapidement métabolisé est, par exemple, en contradiction avec un grand nombre de travaux et ne reflète pas les connaissances scientifiques actuelles".

Le RES presse la Commission Européenne et le Parlement européen d'intervenir d’urgence "pour que l’EFSA retrouve un mode de fonctionnement en mesure de garantir la protection de la santé des Européens".

Communiqué du RES: Bisphénol A : L’EFSA persiste et signe son discrédit !

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