Le cholestérol alimentaire influence-t-il les niveaux de cholestérol sanguin et la santé cardiovasculaire? La question fait l'objet d'un débat scientifique.

Plusieurs autorités de santé recommandent de limiter la consommation d'aliments riches en cholestérol et en particulier celle de jaunes d’œufs qui contiennent entre 175 mg et 275 mg de cholestérol selon leurs formats, soit près de la recommandation quotidienne.

Mais des études récentes ont suggéré qu'un apport élevé de cholestérol alimentaire n'aurait pas une grande influence sur le cholestérol sanguin parce que ce dernier est produit dans une proportion de 80% par le foie qui compenserait en cas de plus grande consommation de cholestérol alimentaire (1).

Une nouvelle étude canadienne, publiée dans la revue Atherosclerosis, apporte un soutien à l'idée que le cholestérol alimentaire influencerait les niveaux de cholestérol sanguin en suggérant que, pour les personnes présentant des facteurs de risque cardiovasculaires du moins, la consommation régulière de jaunes d'œuf accélérerait la formation de plaques d'athérome dans les artères qui sont caractéristiques de l'athérosclérose. Et qui plus est, dans une mesure qui se rapprocherait du tabagisme.

David Spence de l'Université Western Ontario et ses collègues ont mené cette étude avec plus de 1200 personnes, âgées en moyenne de 61,5 ans, qui avaient été référées à une clinique de prévention cardiovasculaire.

La consommation de jaunes d’œuf et le tabagisme étaient liés à une accélération du processus de formation des plaques d'athérome. Une consommation de plus de 200 œufs par année était liée à une concentration de plaque équivalente à 2/3 de celle liée au tabagisme. Chez les 20% qui consommaient 3 jaunes d'œufs ou plus par semaine, la quantité de plaques était plus grande que chez celles qui en consommaient moins et ce, indépendamment de facteurs tel que l'âge, la tension artérielle et l'indice de masse corporelle (la consommation d'alcool et l'activité physique n'étaient toutefois pas évaluées).

Bien que cette étude ne prouve pas que le lien constaté soit causal, elle apporte de l'eau au moulin en faveur de l'hypothèse que le cholestérol alimentaire influencerait le cholestérol sanguin.

Les recherches doivent se poursuivre non seulement pour vérifier si la consommation de cholestérol alimentaire influence le cholestérol sanguin et le risque cardiovasculaire mais aussi pour éclaircir plus globalement les mécanismes liés au cholestérol dans leur ensemble. Une importante étude génétique récente, par exemple, ainsi que des échecs de médicaments visant l'augmentation du bon cholestérol ont mis en doute la théorie du bon cholestérol.

(1) Mais la consommation de gras trans et saturés favoriseraient de son côté le "mauvais cholestérol".

Psychomédia avec source: University Western Ontario, Washington Post, Fédération des producteurs d’œufs de consommation du Québec. Tous droits réservés.