L'exposition prénatale ou postnatale au chlordécone, un pesticide qui a été utilisé dans les bananeraies des Antilles françaises, semble affecter le développement cognitif, visuel et moteur des nourrissons, selon une étude publiée dans la revue Environmental Research.

Le chlordécone, un pesticide persistant dans l'environnement, a été utilisé pendant plus de 20 ans dans les Antilles.

Alors que les Etats-Unis l'avaient retiré du marché en 1976, la France l'a autorisé en métropole jusqu'en 1990 et a prolongé son utilisation jusqu'en 1993 dans les Antilles où il a continué à être utilisé massivement sans précaution pour empêcher la pollution des sols (et des légumes qui y sont cultivés) et l'exposition d'une partie de la population. Des alertes sur les dangers de l'insecticide avaient été ignorées sous la pression des grands planteurs selon un rapport d'un chercheur en sociologie de l'INRA rendu public en 2010.

Sylvaine Cordier et Luc Multigner ont, avec leurs collègues de l'Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en collaboration avec des chercheurs québécois, belges et américains, mené cette étude avec 1042 femmes suivies pendant et après leur grossesse et 153 nourrissons suivi à l’âge de 7 mois.

Ces observations, qui "ne traduisent pas de troubles graves", sont à rapprocher de "certaines particularités décrites dans le passé chez des adultes exposés professionnellement au chlordécone et caractérisées par un appauvrissement de la mémoire à court terme et par la présence de tremblements d’intention", soulignent les chercheurs. Ils "s’interrogent sur la possibilité que ces associations constatées chez les nourrissons à l’âge de 7 mois, puissent être prédictives de troubles permanents à un âge plus avancé".

Une étude de l'Inserm, publiée en 2010, confirmait que l'exposition au chlordécone, qui est un perturbateur endocrinien, augmente le risque de cancers de la prostate, lesquels représentent la moitié des cancers en Guadeloupe et en Martinique.

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