L'hôpital Paul-Brousse de Villejuif dispose d'une des rares unités de chronothérapie existant en France.

Les rythmes circadiens ont des cycles d'environ 24 heures. Ils sont contrôlés par des "horloges biologiques" situées dans chaque cellule et régulées par une quinzaine de gènes, qui sont contrôlées par un centre du cerveau qui programme l'alternance veille/sommeil, la température ou la sécrétion de plusieurs hormones.

Comme le système circadien contrôle le rythme de division cellulaire (impliqué dans le cancer), des recherches visent à identifier les meilleurs moments pour administrer les médicaments pour qu'ils soient le plus efficaces et le moins nocifs possible, développant ainsi la chronothérapie.

En travaillant sur des modèles animaux, les chercheurs de l'Inserm ont montré en 2010 qu'il était possible de ralentir la progression d'un cancer du pancréas en renforçant le système circadien, notamment par des prises alimentaires programmées. Ils ont ainsi inhibé plusieurs fonctions moléculaires responsables de la prolifération des cellules cancéreuses, rapporte AFP.

À certains moments de la journée ou de la nuit, un médicament peut s’avérer plus toxique pour les cellules cancéreuses et moins agressif pour les cellules saines, explique au Webzine de l'AP-HP le Dr Francis Lévi, qui dirige l’Unité de Chronothérapie de l’hôpital Paul-Brousse et l'unité Rythmes biologiques et cancers de l'Inserm.

"L’organisme, plus tolérant au traitement, est alors capable de supporter des doses plus fortes de médicament. En suivant ces rythmes circadiens (d’environ 24 h), on optimise donc le traitement en améliorant l’efficacité anti-tumorale et en réduisant de 2 à 10 fois les effets secondaires. Un traitement par chrono-chimiothérapie peut se montrer près de 2 fois plus efficace qu’une chimiothérapie classique."

"Nous avons par exemple découvert que l'anti-cancéreux fluorouracile était 5 fois moins toxique lorsqu'il était perfusé la nuit autour de 4 heures du matin plutôt qu'à 4 heures de l'après midi", précise-t-il à AFP.

Les patients sont équipés d'une pompe programmable qui délivre automatiquement les médicaments aux heures définies par l'équipe médicale. "Pour l’instant, ce traitement chronomodulé est basé sur un profil moyen de la population", explique le chercheur. "L’enjeu, pour les prochaines années, est de personnaliser davantage la programmation des doses de médicaments car les rythmes biologiques différent selon les patients".

La chronothérapie "devient un enjeu de plus en plus affirmé", non seulement en cancérologie, mais aussi pour la plupart des maladies chroniques telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires ou neurodégénératives, indique le chercheur. La chronothérapie est aussi à l'étude pour le traitement de divers troubles tels que la dépression ou les troubles bipolaires, rapporte AFP.

Psychomédia avec sources: Sciences et Avenir (AFP), Le Webzine de l'AP-HP.
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