Le cancer de la thyroïde est surdiagnostiqué et sur-traité, selon une étude américaine publiée dans le British Medical Journal.

En 30 ans, le nombre de thyroïdectomies (ablation d'une partie ou de la totalité de la glande) a triplé aux États-Unis, passant de 3,6 pour 100 000 habitants en 1973 à 11,6 pour 100 000 en 2009. Pendant ce temps, la mortalité liée à ce cancer est demeurée stable soit 0,5 par 100 000 habitants en 1979 et en 2009, malgré l'augmentation de l'incidence, ce qui constitue l'indication la plus convaincante d'un excès de diagnostic, expliquent Juan Pablo Brito de la Mayo Clinic à Rochester et ses collègues.

La grande majorité de ces cas de cancer sont des petits cancers papillaires à faible risque qui ne progresseraient probablement jamais suffisamment pour causer des symptômes ou la mort.

Les techniques d'imagerie telles que les ultrasons, le scanner et l'IRM permettent de détecter des nodules thyroïdiens aussi petits que 2 mm, dont beaucoup se révèlent être des cancers thyroïdiens papillaires d'évolution lente. Ceci expose à des traitements inutiles, dangereux, coûteux et incohérents avec leur pronostic, expliquent les chercheurs.

La thyroïdectomie comporte des risques de complications telles que l'hypoparathyroïdie permanente, l'hypocalcémie (faible taux de calcium), et une lésion du nerf laryngé récurrent (qui affecte notamment la voix).

L'intervention implique aussi, par la suite, la prise de thyroxine (ou T4) pour pallier l'absence de sécrétion de cette hormone.

Par ailleurs, l'utilisation de l'iode radioactif chez les personnes atteintes de cancer de la thyroïde à faible risque a augmenté de 1 sur 300 patients à 2 sur 5 patients entre 1973 et 2006, en dépit des recommandations contre cette utilisation, soulignent les chercheurs.

L'incertitude sur les bénéfices et risques d'une intervention immédiate des cancers papillaires de la thyroïde devrait inciter les médecins à discuter avec les patients pour une prise de décision partagée.

Les chercheurs proposent par ailleurs de ne plus utiliser le terme cancer pour ces lésions mais plutôt un terme tel que « lésion micropapillaire d'évolution indolente ».

Psychomédia avec sources : Medscape, Doctissimo.
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