Les taux de surdiagnostics sont élevés pour plusieurs maladies, ce qui a pour conséquence que beaucoup trop de gens subissent des effets néfastes de tests et de traitements inutiles, selon les auteurs d'un article publié dans le British Medical Journal (BMJ).

Ray Moynihan de l'Université Bond (Australie) et ses collègues définissent le sur-diagnostic comme se produisant quand une personne sans symptômes reçoit un diagnostic de maladie alors que l'évolution de l'anomalie détectée n'aurait pas causé de symptômes ou une mort plus précoce ou encore quand une personne en santé ayant des problèmes légers ou étant à faible risque est classée comme malade.

Ce qui a pour résultat que les personnes sur-diagnostiquées subissent des effets secondaires indésirables de tests et de traitements inutiles, et que les ressources qui auraient pu être dirigées vers d'autres malades sont gaspillées.

Le surdiagnostic est notamment favorisé par les programmes de dépistage qui peuvent détecter des maladies qui n'auraient jamais causé de symptômes ou de mort précoce (parfois appelées pseudo-maladies), les tests qui deviennent plus sensibles et les changements dans les critères diagnostiques de plusieurs maladies amenant à inclure des gens à faible risque ou ayant les formes les plus légères de ces maladies. Ces critères, font valoir les auteurs, sont souvent établis par des panels de professionnels "ayant des liens financiers avec les entreprises qui bénéficient directement de toute expansion du bassin de patient".

Les auteurs citent en exemples les maladies suivantes:

  • Cancer du sein
    Jusqu'à un cancer du sein sur 3 détecté par les programmes de dépistage serait sans danger.

  • Cancer de la thyroïde
    La probabilité de détecter une anomalie de la thyroïde est élevée mais le risque que cette dernière cause un tort est faible, disent les chercheurs. Chez plusieurs personnes recevant un diagnostic de cancer de la thyroïde, ce dernier est d'une forme non agressive qui ne requière pas un traitement comportant en lui-même des risques.

  • Diabète gestationnel
    Une définition élargie implique qu'une femme enceinte sur 5 reçoit maintenant ce diagnostic alors que les bénéfices d'un tel diagnostic sont faibles.

  • Insuffisance rénale chronique
    Une définition élargie a pour conséquence qu'un Américain sur 10 (un sur 3 chez les 65 ans et plus) est classé comme présentant la maladie. Mais chaque année, moins qu'une personne sur 1000 de ce groupe développe une maladie des reins en stade terminal.

  • Asthme
    Un tiers des personnes recevant un diagnostic d'asthme n'ont pas la maladie et 2/3 de ce groupe n'ont pas besoin de médicaments.

  • Trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)
    Une définition élargie fait les garçons nés à la fin de l'année (se retrouvant parmi les plus jeunes de la classe) ont un risque 30% plus élevé de recevoir le diagnostic.

  • Ostéoporose
    Une définition élargie signifie que plusieurs femmes à faible risque de fracture reçoivent un traitement qui peut causer des effets secondaires.

  • Cancer de la prostate
    Le sur-diagnostic peut représenter plus que 60% pour le cancer de la prostate détecté au moyen du test de l'antigène spécifique (PSA).

  • Cancer des poumons
    Une étude suggère qu'environ 25% des cas détectés par dépistage seraient sur-diagnostiqués.

  • Hypertension
    Une étude suggère la possibilité d'un surdiagnostic substantiel de l'hypertension.

  • Cholestérol élevé
    Une étude estime que jusqu'à 80% des personnes traitées ont des niveaux près de la normale.

Pour certaines de ces maladies, il existe aussi un problème de sous-diagnostic, mentionnent les chercheurs.

Au niveau clinique, soulignent-ils, un objectif clé est de mieux discriminer entre les anomalies bénignes et celles dont l'évolution peut être dommageable. En terme d'éducation et de sensibilisation du public et des professionnels, une information plus honnête sur les risques de surdiagnostic est nécessaire, particulièrement en ce qui concerne les programmes de dépistage, ajoutent-ils.

Psychomédia avec sources: NHS Choice, Bond University.
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