Trop de personnes porteuses d'un nodule bénin subissent une ablation de la glande thyroïde (thyroïdectomie) inutile, par manque d'examens préalables, confirme une étude de l'Assurance maladie.

L'analyse a porté sur les patients du régime général ayant subi une thyroïdectomie en 2010, et sur les examens réalisés les 12 mois précédant et les 12 mois suivant l'intervention. Ces examens devraient déterminer si ce nodule est un cancer ou un nodule bénin : échographie de la thyroïde, dosage de la TSH, cytoponction.

Dans un quart des cas de nodules bénins, la glande thyroïde est complètement enlevée, avec pour conséquences un traitement hormonal à vie, des risques d'atteinte des cordes vocales, et dans 1 % des cas, d'atteintes définitives des glandes parathyroïdes obligeant à un traitement par calcium à vie. Et, même en cas d'ablation partielle, le traitement hormonal substitutif à vie est nécessaire dans 44 % des cas.

La cytoponction, rappelle l'assurance maladie, est capitale pour orienter la décision thérapeutique en cas de nodule thyroïdien sans hyperthyroïdie.

En 2010, sur les 35 300 personnes ayant subi une thyroïdectomie, 17 % avaient un cancer thyroïdien, et 20 % un nodule bénin. Pour 4 cancers opérés, 5 nodules bénins sont inutilement opérés. Ce ratio varie toutefois selon les régions.

Les cytoponctions ne sont pas suffisamment réalisées. Elles ne sont retrouvées que chez 44 % des personnes atteintes d'un cancer et 34 % de celles porteuses d'un nodule bénin. Ces taux devraient être d'au moins 80 %, précise l'Assurance-maladie. Ils varient d'une région à l'autre, les régions la pratiquant le moins étant aussi celles qui opèrent le plus inutilement. Les CHU pratiquent beaucoup plus la cytoponction que les autres établissements.

D'autres examens sont au contraire trop pratiqués inutilement : les dosages des hormones thyroïdiennes T3 et de la T4 sont pratiqués respectivement dans plus du tiers des cas, alors qu'ils ne sont justifiés que dans de rares cas.

L'assurance maladie va saisir la Haute autorité de santé (HAS) afin qu'elle édicte un référentiel sur le parcours à suivre après la découverte de nodules thyroïdiens sans hyperthyroïdie, « sur le choix de la technique chirurgicale (thyroïdectomie partielle ou totale) et sur la mise à jour des indications du dosage des hormones thyroïdiennes.

La HAS devrait également procéder à la rédaction d'outils d'aide à la décision à l'intention des patients.

Plus tôt ce mois-ci, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a dénoncé la passivité des pouvoirs publics concernant le sur-traitement des cancers de la thyroïde en France.

Psychomédia avec sources : Medscape, Assurance-maladie, TF1.
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