Malgré l’entrée en vigueur le 1er avril d'une nouvelle réglementation de Santé Canada sur le cannabis médical, les médecins québécois ne sont pas autorisés par leur ordre professionnel, le Collège des médecins du Québec (CMQ), à en prescrire pour l’instant.

Avec ce nouveau règlement, les utilisateurs auront dorénavant besoin d'une ordonnance d'un médecin au lieu de passer par Santé Canada. Depuis 2001, la seule responsabilité des médecins était de confirmer un diagnostic: Santé Canada octroyait ensuite les permis de consommation et de production.

Le CMQ n'apprécie guère que les médecins soient ainsi davantage impliqués. "On verse une nouvelle responsabilité dans notre cours", déplore Dr Yves Robert, président du CMQ.

"Ce n’est pas un traitement reconnu", dit-il. Le cannabis médical ne sera ainsi accessible que par le biais d’un protocole de recherche éventuel, et ce, en dernier recours, est-il recommandé aux médecins. Le protocole devrait être finalisé d’ici l’été, indique le Dr Robert, sans le promettre. Il permettra de prescrire du cannabis séché en respectant certaines règles, comme la rédaction d'un formulaire de consentement, d'un formulaire d'évaluation, la vérification des interactions avec d'autres médicaments et la vérification de contre-indications.

Les conditions de santé pour lesquelles le CMQ permettra éventuellement la prescription de marijuana thérapeutique, au nombre de 7, sont beaucoup moins nombreuses que celles suggérées par Santé Canada dans son nouveau règlement. "Ce sont des conditions pour lesquelles nous avons des données scientifiques, aussi mauvaises soient-elles", explique le Dr Robert.

Ces 7 conditions sont :

  • la sclérose en plaques,
  • des lésions et maladies de la moelle épinière,
  • le cancer,
  • le VIH-sida,
  • des formes graves d’arthrite,
  • l’épilepsie.
  • les soins palliatifs.
  • Seuls certains des symptômes de ces conditions rendent les patients admissibles.

En attendant le protocole de recherche, le Collège suggère la prescription de cannabinoïdes sous forme médicamenteuse, soit des comprimés et des nébulisateurs, qui sont légaux et autorisés, même si les patients peuvent considérer l’effet moins rapide.

La Société pour l’accès au cannabis médical espère que la liste des conditions de santé reconnues par le collège s’allongera. "On exclut les patients atteints de la maladie de Crohn, du syndrome du choc post-traumatique, de la fibromyalgie", mentionne Adam Greenblatt, son président. La recherche sur le sujet est plus probante que ce que le CMQ laisse croire, estime-t-il.

Le Règlement sur la marihuana à des fins médicales (RMFM) ne prévoit aucune restriction quant aux maladies pour lesquelles un médecin peut appuyer l'usage de la marijuana à des fins médicales. En mai 2013, Santé Canada a publié une liste très détaillée de conditions de santé qui pourraient bénéficier du cannabis thérapeutique. (Voir section 4.0 : Éventuels usages thérapeutiques).

Par ailleurs, la nouvelle loi réserve le commerce de la marijuana thérapeutique aux entreprises privées accréditées par Ottawa. Les malades ne pourront plus cultiver leur propre cannabis. Cet aspect est présentement devant les tribunaux.

Psychomédia avec sources: Le Devoir, Radio-Canada, Santé Canada.
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