Des chercheurs de l'Institut national français de recherche agronomique (Inra) viennent de publier un dossier de presse qui porte sur leurs travaux visant à améliorer la santé des seniors et retarder l'entrée en dépendance au moyen d'une alimentation adaptée.

"Vitamine A, oméga 3, polyphénols, aliments reconstitués ou enrichis en protéines: de nouvelles pistes sont explorées", résume Le Figaro.

"La question n'est plus aujourd'hui seulement de savoir si nous allons vivre longtemps, mais si nous vieillirons en bonne santé", souligne Véronique Coxam qui travaille sur la prévention nutritionnelle de l'ostéoporose.

Avec d'autres chercheurs, elle s'intéresse au potentiel des polyphénols, contenus dans de nombreux fruits et légumes, comme la fisétine, connue pour ses propriétés anti-inflammatoires et qui se trouve dans les fruits rouges, ou l'oleuropéine, un extrait de la feuille d'olivier.

Ces deux nutriments pourraient jouer un rôle dans la prévention de l'ostéoporose. Une étude menée avec 64 femmes ménopausées a montré que l'oleuropéine sous forme d'extrait pendant un an limitait la perte osseuse d'1 % par an contre 2 % sans traitement, indique-t-elle.

D'autres travaux portent sur les effets protecteurs combinés de la vitamine A (qui se trouve principalement dans les viandes et notamment le foie) et des oméga 3 (présents dans les poissons gras) sur le cerveau. La vitamine A et les oméga 3 «agissent directement sur les neurones et améliorent leur connectivité», explique Sophie Layé. Leur efficacité est actuellement évaluée avec 300 personnes de plus de 75 ans dans le cadre du projet Nutrimemo, financé par l'État, qui vise à développer des produits nouveaux permettant l'amélioration de la mémoire et la prévention du déclin cognitif des seniors.

Un autre axe de recherche vise à maintenir ou augmenter la quantité d'aliments consommés par les personnes âgées qui manquent souvent d'appétit. La dénutrition concerne 4 à 10 % de celles vivant à domicile, de 15 à 40 % de celles en maison de retraite et de 30 à 70 % de celles hospitalisées, selon les études. Pour Claire Sulmont-Rossé, «c'est un cercle vicieux: un apport insuffisant en énergie et en protéines augmente le risque de fractures et aggrave certaines pathologies existantes, ce qui accroît le risque de dénutrition».

Pour améliorer le goût de manger des seniors, le programme Aupalesens, financé par l'Agence nationale de la Recherche (ANR), a identifié quelques gestes simples. Plutôt que de proposer systématiquement des bouillies ou des compléments nutritionnels comme des crèmes hyperprotéinées, il faut, explique Claire Sulmont-Rossé, «respecter les goûts de la personne âgée et partir de ce qu'elle aime pour essayer d'augmenter la fraction de protéines et d'énergie consommée». Lors d'une expérience menée en maison de retraite, l'introduction d'un peu de variété - deux légumes au lieu d'un seul - a permis d'augmenter leur consommation de viande de 32 %. La mise à disposition de condiments, autres que le sel et le poivre - sauce tomate, ail, persil ou rondelle de citron - a eu le même effet sur leur appétit.

Pour les personnes âgées qui vivent chez elles, il suffit souvent, dit la chercheuse, de peu de choses: du fromage râpé dans la soupe, de la poudre de lait pour enrichir un flanc, quelques morceaux de viande ou de thon sur une salade. À celles qui souffrent de problèmes de mastication, elle recommande la cuisson basse température, qui permet des textures de viande très tendres, ou le recours à des aliments reconstitués, c'est-à-dire recombinés après avoir été transformés en purée.

Dossier de presse de l'Inra : Les chercheurs se mettent à la table des seniors

Psychomédia avec source: Le Figaro
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