L’exposition pendant la grossesse à certains phénols et phtalates, tels que le bisphénol A, le triclosan et le di-n-butyl phtalate, ou le DBP (1), est associée à des troubles du comportement des garçons entre 3 et 5 ans, selon une étude épidémiologique menée par l'Inserm et les CDC américains, publiée dans la revue Environmental Health Perspectives.

Cette étude a été menée avec 500 garçons nés entre 2003 et 2006 et leurs mères.

« Des études toxicologiques in vitro et chez l’animal ont mis en évidence que ces composés étaient des perturbateurs endocriniens et pouvaient interagir avec des systèmes hormonaux impliqués dans le développement normal du système nerveux central.

Les mécanismes précis qui pourraient expliquer un effet des perturbateurs endocriniens sur le neurodéveloppement et le comportement pourraient passer par une altération du fonctionnement des hormones thyroïdiennes, des hormones stéroïdiennes, comme l’œstrogène, ou d’autres hormones, comme l’ocytocine ou la vasopressine, des hormones sécrétées par l’hypothalamus. »

Aux 3e et 5e anniversaires de l’enfant, les mères ont repli le « Questionnaire des forces et difficultés » de l’enfant qui évalue des dimensions du comportement telles que les symptômes émotionnels, les problèmes de relation avec les pairs, les problèmes de conduite, d’hyperactivité et d’inattention. Un échantillon d’urine prélevé durant la grossesse a permis le dosage de biomarqueurs caractéristiques de l’exposition aux phénols et aux phtalates.

De 70 à 100 % des femmes étaient exposées à des niveaux détectables de différentes substances.

L’exposition au bisphénol A était associée à une augmentation des troubles relationnels à 3 ans et des comportements de type hyperactif à 5 ans. Ces résultats confirment que les effets du bisphénol observés chez l’animal de laboratoire se retrouvent chez l’humain à des expositions faibles, probablement inférieures à celles préconisées par l’autorité européenne de sécurité alimentaire, l’EFSA, soulignent les chercheurs.

Le métabolite du DBP était associé à des troubles émotionnels et relationnels, incluant les comportements de repli, à 3 ans, mais pas à 5 pour les troubles émotionnels. Des associations entre ces composés et le comportement avaient déjà été mises en évidence dans des études précédentes chez de jeunes garçons et chez l’animal. Ainsi, une étude réalisée avec des femmes et d’enfants new-yorkais en 2012 avait rapporté une augmentation des comportements de repli chez les enfants de 3 ans.

Le triclosan était aussi associé à une augmentation des troubles émotionnels à 3 et 5 ans. Une équipe de Grenoble avait déjà mis en évidence une diminution du périmètre crânien à la naissance dans cette même population. Au niveau moléculaire, le triclosan peut interagir avec l’axe thyroïdien qui, pendant la grossesse, est impliqué dans le développement du cerveau.

L’effectif de l’étude ne permettait pas d’étudier la survenue de pathologies du comportement comme les troubles du spectre autistique, ce qui impliquerait de suivre des dizaines de milliers d’enfants.

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(1) « Le bisphénol A a été interdit de tous les contenants alimentaires en France en janvier 2015, une date ultérieure à la réalisation de cette étude », précise le communiqué. « Le triclosan est un agent antibactérien retrouvé dans certains dentifrices et savons ; le DBP est utilisé comme plastifiant dans les plastiques de type PVC, certaines colles, vernis à ongles et laques pour les cheveux. Triclosan et DBP sont réglementés selon la logique d’une valeur limite dans certaines familles de produits, tout en étant interdits dans d’autres (le DBP est par exemple interdit d’usage dans les cosmétiques et le triclosan dans les habits dans l’UE).  »

Psychomédia avec source : Inserm
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