Une étude française, publiée dans la revue Brain, remet en question la croyance, vieille de 70 ans, selon laquelle certaines zones du cerveau sont insensibles à la douleur.

Lors de chirurgies du cerveau sur des patients éveillés, les chercheurs ont pu observer que certaines structures, jusqu’alors considérées comme indolores, étaient à l’origine de sensations douloureuses lorsqu’elles étaient stimulées mécaniquement.

Le communiqué de l'Inserm explique :

« Depuis plus de 70 ans, il est communément admis que la sensibilité douloureuse intracrânienne est limitée à la dure-mère – l’enveloppe méningée la plus externe qui tapisse la voûte et la base du crâne – et à ses vaisseaux nourriciers. La pie-mère – la méninge la plus fine, qui tapisse les circonvolutions et sillons cérébraux – et ses vaisseaux nourriciers sont considérés comme insensibles à la douleur. Ce postulat permet aux neurochirurgiens de réaliser des chirurgies intracrâniennes (craniotomies) indolores sur des patients éveillés. Jusqu’à présent, ce principe conditionnait également les recherches concernant le traitement des maux de tête et notamment de la migraine. »

Afin de mieux comprendre l’origine des maux de tête, le Dr Denys Fontaine et ses collègues de l’Inserm, du CHU de Nice, d’Université Côte d’Azur « se sont intéressés à cette insensibilité supposée de la pie-mère et de ses vaisseaux nourriciers. »

« Pour réaliser cette étude, ils ont mis à contribution de 2010 à 2017, 3 neurochirurgiens et 53 de leurs patients atteints de tumeurs cérébrales devant être extraites en craniotomie éveillée. Durant l’opération, les patients soumis aux stimulations mécaniques inhérentes à l’acte chirurgical, devaient indiquer quand et où ils ressentaient une douleur. Le chirurgien notait quant à lui les structures crâniennes dont la stimulation avait provoqué la douleur.

En moyenne, près de deux sensations douloureuses ont été rapportées par patient, toutes du même côté que celui du stimulus. La douleur, brève et aiguë, s’arrêtait dès la fin de la stimulation. Les chercheurs ont notamment constaté que les stimulations de la pie-mère et de ses vaisseaux nourriciers entraînaient une douleur, localisée la plupart du temps dans le territoire sensitif V1. Ce territoire innerve le front, les orbites, la cornée, les régions temporales supérieures et antérieures, la racine du nez ainsi que la muqueuse nasale.

Ces observations contredisent la théorie admise jusqu’à présent et plaident en faveur d’une sensibilité à la douleur de la pie-mère et de ses vaisseaux nourriciers. Elles permettent également de suggérer que ces structures peuvent être impliquées dans les céphalées, au même titre que les autres structures crâniennes sensibles. »

« L’identification des récepteurs impliqués dans la détection des messages douloureux pourrait constituer un nouvel axe de recherche pour le traitement des céphalées et, notamment, de la migraine », concluent les chercheurs.

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Psychomédia avec sources : Inserm, Brain.
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