Voyez aussi : Tisane d'artemisia contre le paludisme (malaria) : dangereuse, selon l'Académie française de médecine (2019)

Le 25 avril se tient la Journée mondiale de lutte contre le paludisme (malaria).

En 2016, 216 millions de personnes ont contracté la maladie dans 91 pays, soit 5 millions de plus que l'année précédente, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La maladie, due à des parasites transmis à l’humain par des piqûres de moustiques, a entraîné 445 000 décès en 2016 : 90 % des cas sont survenus en Afrique.

Un réseau associatif, rapporte Le Monde, plaide pour la culture en Afrique de l'artemisia annua ou de l'artemisia afra, des plantes de la famille des armoises, qui contiendraient des molécules plus efficaces que les médicaments utilisés. Mais les études restent préliminaires et ce recours à une médecine traditionnelle reste non reconnu des grandes institutions.

Ainsi, l'artemisia est une grande absente de la 7e édition de l'Initiative multilatérale sur le paludisme, une conférence qui réunit depuis le 22 avril quelque 3000 spécialistes de cette maladie près de Dakar, souligne l'AFP.

Pourtant, à quelques kilomètres du centre de conférences, l'artemisia annua et afra est cultivé depuis 2017 à l'initiative de la « Maisons de l'artemisia ». Les feuilles et les tiges sont broyées jusqu'à l'obtention d'une poudre qui est conditionnée en petits sachets pour infusion ou en gélules.

L’Artemisia sert aujourd’hui de base aux traitements pharmacologiques antipaludéens. Utilisée dans la médecine chinoise depuis plus de deux mille ans, elle contient un principe actif, l’artémisinine, dont l’identification a valu le prix Nobel de médecine à la Chinoise Tu Youyou en 2015.

Depuis que les parasites à l'origine du paludisme (plasmodium) ont développé des résistances aux médicaments classiques comme la quinine, l'OMS recommande l'utilisation des médicaments ACT (« Artemisinin-based Combination Therapy »), qui associent l'artémisinine (aujourd'hui de synthèse) à une autre molécule, de type amodiaquine ou méfloquin. Mais elle ne recommande pas l'utilisation de l'artemisia sous sa forme naturelle.

Selon les membres de l'association « More for Less » qui est à l'origine de 18 « Maisons de l'artemisia » en Afrique, les deux plantes auraient des principes actifs plus efficaces lorsqu’elles sont utilisées sous forme naturelle – infusions ou décoctions de feuilles et tiges – pour éliminer les parasites responsables de la maladie.

Pour Pierre Van Damme, ingénieur agronome belge responsable de la Maison de l'artemisia au Sénégal, l'industrie pharmaceutique n'a « aucun intérêt » à voir se répandre ce remède permettant pourtant « d'éradiquer toute trace du parasite » pour un coût « cinq à six fois inférieur » aux médicaments classiques et sans entraîner d'effets secondaires, tels que des troubles neurologiques ou digestifs, rapporte l'AFP.

Depuis les années 2000, des tests sur des centaines de personnes vivant dans des zones infectées, notamment en RD Congo et au Cameroun, ont démontré une efficacité préventive et thérapeutique allant jusqu'à 100 % après sept jours de consommation de la tisane, indique-t-il.

« Une fois que la personne a le paludisme, la posologie est stricte. Il lui faut 5 grammes par jour dans un litre d'eau » pendant sept jours, dit-il, citant une demi-douzaine d'études. Sous la forme de gélules, « c'est trois le matin, trois le midi et trois le soir », précise-t-il.

À Dakar, la Dre Aissatou Touré, la directrice de l'unité d'immunologie de l'Institut Pasteur, relayée par l'AFP, met en garde contre l'utilisation inconsidérée de l'artemisia. « Ne jouez pas avec la vie des gens. Le palu, ça peut aller très très vite. Un accès non traité correctement peut en deux jours se transformer en accès grave et entraîner la mort », rappelle-t-elle. En cas de maladie déclarée, « je pense qu'il serait sage d'utiliser des traitements reconnus comme efficaces. Maintenant, si vous voulez, en plus, ajouter autre chose, libre à vous ».

Psychomédia avec sources : OMS, AFP (La Presse), Le Monde.
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