Voyez aussi (3 juillet 2020) : La plante artemisia pour traiter le paludisme et la COVID-19 ? L'Inserm fait le point.

L’Académie française de médecine a mis en garde, le 26 février, contre les « dangers » de l’utilisation des feuilles séchées d’Artemisia annua (armoise annuelle, absinthe chinoise) pour le traitement et la prévention du paludisme (malaria).

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), rappelle le communiqué de l'Académie, recommande l’utilisation des moustiquaires, le diagnostic rapide et des « Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisine » (CTA, pour « Artemisinin-based Combination Therapy ») contre les infections à Plasmodium falciparum.

En 2015, Youyou Tu, chercheuse chinoise, a reçu le prix Nobel de Médecine pour l’extraction à partir d’une plante de son pays, l’Artemisia annua, de l’artémisinine et la démonstration de son efficacité dans le traitement du paludisme.

Mais cet antipaludique, d’élimination rapide, doit toujours être associé à un autre antipaludique d’action plus prolongée (CTA), rappelle l'Académie.

L’utilisation de l’Artemisia annua seule, en poudre ou en tisane, n’a aucune garantie d’efficacité et risque d’aggraver l’émergence de formes résistantes de la maladie, souligne-t-elle.

L'institution dénonce la campagne de promotion « Éliminons le paludisme à l’aide de feuilles d’Artemisia », menée par l'association française La maison de l’Artemisia, incitant à traiter les malades avec des tisanes ou des capsules de feuilles séchées de la plante.

Elle critique la méthodologie d’une étude publiée en décembre 2018 par la revue Phytomedicine, qui prétend démontrer la supériorité de l’Artemisia par rapport à un traitement classique de CTA.

« La consommation d’Artemisia seule pendant 7 jours, par des litres de tisane de composition incertaine, expose les jeunes enfants (plus jeunes que 5 ans) impaludés à un risque élevé d’accès pernicieux », indique le communiqué. L'accès pernicieux est une complication grave qui se traduit par une atteinte du système nerveux pouvant mener au décès. « De plus, cette monothérapie favorise l’émergence de souches de P. falciparum résistantes, alors qu’aucune molécule n’est actuellement disponible pour remplacer l’artémisinine dans les CTA ».

En 2007, l'OMS se prononçait pour le retrait de tout médicament à base d’artémisine seule et en 2012, elle déconseillait formellement l’utilisation de feuilles séchées en raison de la concentration faible et variable d’artémisine dans la plante et de sa dégradation dans l’eau à forte température, rappelle l'Académie.

En France, l’Agence du médicament (ANSM) a suspendu en 2015 et 2017 la mise sur le marché de produits à base d’Artemisia, « susceptibles de présenter un danger pour la santé humaine ».

Psychomédia avec source : Académie de médecine.
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