Une mission d’information du Sénat sur le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales, constituée en avril dernier à l’initiative du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE), a adopté le 25 septembre son rapport présenté par Joël Labbé (Morbihan).

Cette mission, présidée par Corinne Imbert (Ratt. Les Républicains – Charente-Maritime), a mis en lumière le potentiel de la filière des plantes médicinales et « posé les enjeux de la reconnaissance des métiers d’herboristes », indique le rapporteur.

« Les plantes médicinales et l’herboristerie (qui en désigne le commerce) renvoient à des traditions de soins populaires, fondées sur des usages ancestraux. (...) Les herboristes ont toujours existé et ont bénéficié d’un statut en France de 1803 à 1941 », indique le rapport.

« La valorisation des principes actifs végétaux est aussi à la source de la pharmacie moderne : 70 % de notre pharmacopée est issue du monde végétal. » (Une grande part des médicaments demeure issue de la médecine traditionnelle à base de plantes)

« Les plantes médicinales se déclinent dans une large gamme de produits : aux côtés des tisanes - cœur de l’herboristerie “traditionnelle” - et des médicaments de phytothérapie, des secteurs connaissent un fort développement, comme les compléments alimentaires ou les huiles essentielles. Le marché de la santé et de la beauté naturelles représenterait en France plus de 3 milliards d’euros. »

Le cadre réglementaire de la vente des plantes médicinales est complexe et à mieux adapter, estime la mission. « Une même plante médicinale peut relever, pour sa commercialisation, de différentes catégories de produits auxquelles correspondent des statuts divers, des normes et des contrôles stricts ».

« Depuis la suppression du métier d’herboriste en 1941, la vente des plantes médicinales dans un but thérapeutique relève des seuls pharmaciens dans le cadre du monopole pharmaceutique, sauf pour 148 plantes qui bénéficient d’une dérogation du fait de leur usage alimentaire (décret de 2008). »

« Pour autant, de nombreux produits à base de plantes sont vendus hors des officines (...) : 541 plantes sont autorisées dans les compléments alimentaires (arrêté de 2014), par exemple sous forme de gélules, en vente libre depuis la libéralisation du secteur au milieu des années 2000 ; les huiles essentielles sont en vente libre sauf pour 15 d’entre elles présentant un risque de toxicité : 10 % seulement sont vendues en officine. »

« Or, les informations que les herboristes sont susceptibles d’apporter aux consommateurs sont limitées : ils ne peuvent vendre les 148 plantes médicinales “libérées” accompagnées d’une communication écrite ou orale sur leur usage thérapeutique. »

Après avoir rencontré « une centaine de personnes (producteurs, cueilleurs, herboristes, pharmaciens, médecins, universitaires, chercheurs, entreprises industrielles ou artisanales de transformation, etc.) », la mission propose notamment de :

  • « porter, avec d’autres pays, une démarche en vue de l’inscription des connaissances et savoir-faire liés à la culture et à l’usage traditionnels des plantes médicinales sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco » ;

  • « soutenir les formations en ethnomédecine et ethnopharmacologie, notamment dans les facultés ultramarines compte tenu de la richesse des traditions locales » ;

  • « consolider la dynamique de la filière de production, en accompagnant le développement de formations agricoles spécialisées, la structuration des acteurs, les échanges et mutualisations » ;

  • « créer un label “Plantes de France” et fixer un objectif de 50 % des surfaces cultivées en “bio” à l’horizon 2025 ; faire de la richesse végétale exceptionnelle des outre-mer un levier de développement économique pour ces territoires » ;

  • « réexaminer la liste des 148 plantes médicinales “libérées” du monopole pharmaceutique, pour y intégrer des plantes des outre-mer ou des plantes ne présentant pas de risque d’emploi », en étudiant la possibilité d'informer « sur leurs usages traditionnels reconnus et validés concernant “les petits maux du quotidien” ;

  • intégrer les plantes médicinales à leur juste place au sein du système de santé, en consolidant les prérogatives des pharmaciens, en sensibilisant les médecins et l’ensemble de la chaîne du soin, tout en ciblant ces formations, dans les outre-mer, sur les plantes et traditions locales”.

Sur le sujet sensible de la renaissance d’un ou de plusieurs métiers d’herboristes, tels que les “herboristes de comptoir” ou “paysans-herboristes”, la mission propose que la concertation se poursuive.

La mission propose la constitution d’un groupe de travail afin de poursuivre la réflexion. Le rapporteur souhaite qu’il aboutisse à une proposition de loi.

Pour plus d'informations sur les plantes médicinales et les huiles essentielles, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Sénat (communiqué), Sénat (note de synthèse).
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